Les mots dialoguent avec la peinture. Le beau-livre intitulé «Ainsi parle Adoniada» édité par les Editions IMANIA du groupe Librairie des Ecoles, regroupant les textes du poète Adonis et les œuvres de l'artiste peintre marocain, Ahmed Jaride, a été présenté lors de la 28ème édition du SIEL qui a eu lieu du 2 au 11 juin, à Rabat. En effet, Abderrahmane Tenkoul, modérateur de la rencontre, a évoqué le contexte du livre rassemblant les textes d'Adonis et les œuvres d'Ahmed Jaride. Baudelaire, a-t-il dit, est l'un des précurseurs de la relation entre la poésie et la peinture. «Nous sommes devant deux parallèles qui se touchent sur tous les niveaux. Ces deux parallèles ont pour objectifs de créer et laisser une empreinte.», a-t-il révélé. Chaque travail essaie d'embrasser un horizon d'attente. «Il y a des affinités entre la poésie d'Adonis et les œuvres de Jaride. On ne sort pas indemne de ce livre. Un livre complexe, ambigu qu'on n'arrive pas casser. Le livre parle de la vie, de l'amour et des relations interhumaines. C'est un livre qui dérange et qui pose des questions.», a-t-il indiqué. Jaride cherche des non-dits, des choses non dites, mais aussi cette nouvelle relation avec le monde. «Ce travail, on ne peut le classer facilement parce que ce travail dépasse cette autobiographie, mais qui laisse conquérir d'autres territoires créatifs. », a-t-il affirmé. Pourquoi ce livre? Pour Adonis, ce projet s'inscrit dans une préoccupation culturelle entre soi et l'autre depuis longtemps et la relation de l'être arabe avec le reste du monde. « Ma première question était la suivante : pourquoi nous les arabes, on vit entre deux identités. On ignore le corps. Aujourd'hui, nous sommes influencés par l'écriture sachant que cette région a mis les premiers jalons de l'histoire humaine.», a-t-il souligné. Et d'ajouter : «quand je lis la poésie arabe, je ne trouve pas une empreinte de la construction de l'histoire humaine. Or, on a pris la modernité de l'occident, mais on a oublié la notre». Dire de la poésie, c'est créer un nouveau monde entre les mots et les humains. La poésie arabe, a-t-il dit, n'a pas été influencée par la poésie occidentale. « Mais on a imité certaines images poétiques. », a-t-il ajouté. Selon lui toujours, la culture arabe est une culture qui a une tête, et non un corps. «Les arabes sont attachés et prisonniers à l'époque de la renaissance. En revanche, il faut se libérer de la culture de la tête.», a-t-il affirmé. Quand la parole rime avec l'œuvre... L'art est une création de formes. Le changement des formes est un changement d'expériences. «Ce travail est une sorte de surprise en sortant de la monotonie de l'œuvre et de la poésie arabes. C'est pour la première que je vois un travail où la parole rime avec l'œuvre.», poursuit-il. Par ailleurs, aujourd'hui, a-t-il indiqué, l'écriture de la femme arabe aujourd'hui est plus important de ce qu'on a tous écrit. «Je salue cette femme .Ce livre est un hommage à sa créativité.», conclut-il. Loin dans les limites Ahmed Jaride est parti loin dans les limites du cadre, de l'œuvre. «J'étais séduit par les derniers textes d'Adonis. Dans l'art comme dans la poésie, ce qui est direct est prosaïque. C'est pour cette raison que j'ai opté pour l'abstraction.», a-t-il révélé. Le texte d'Adonis ressemble à un océan où le poète est le marin dans ses différents états d'âme et esprit, a-t-il souligné. Je transforme le sens à une toile. Et puis, la toile commence où l'idée est finie. Or, la phrase poétique garde le dernier mot.», a-t-il expliqué.