Poésie / Peinture Initiés par la délégation du ministère de la Culture d' El Jadida, les ateliers de la rencontre annuelle peinture/ poésie (édition 2004/2005) exposent leurs créations à Rabat, galerie Bab Rouah, du 22 juin au 22 juillet. Visite. Abdelkrim Azhar/ Mahmoud Abdelghani, Salah Benjkan/ Mehdi Akhrif/ Hassan Bourkia/ Mohamed Aniba El Hamri, Abdelkrim Ghattas/ Najib Khaddari, Bouchaïb Habbouli/ Ahmed Lamsiyeh, Ahmed Jaride/ Mohamed Loakira, Najib Zoubir/ Driss Meliani, Abderrahmane Rahoule…Des peintres et des poètes qui se rencontrent pour confronter deux modes d'expression: les mots, les rimes, les images et les tons, les formes et les matières. Pour de brefs séjours, ils s'installent dans une bâtisse en pierre taillée, les pieds dans l'eau et la vision qui enlace l'Atlantique. Et l'inspiration jaillit de l'observation du travail des uns par les autres. Les paroles ne commentent pas les couleurs, les formes n'illustrent pas les images poétiques. Nous sommes en face d'œuvres parallèles, “croisées” dirait Loakira. Mais l'ensemble reste hanté par la magie des lieux, la cité portugaise et portuaire d' El Jadida et sa tour. Ecoutant les poètes : “ Ceci est la mer traînant ses Vagues vers la tour avec le bleu Elle sculpte un rêve blanc sur Les balcons d'argile… “ Aniba Mohamed El Hamri “ Voilà ma blancheur, voici votre blancheur Que feriez-vous si vous voyez Le brouillard à l'entrée de la tour…” Mahmoud Abdelghani “ Maintenant je vais convier Les couleurs à la transe dénudée sur la scène de mes poèmes “ Mehdi Akhrif Quant aux œuvres picturales, elles nous sont données à voir à la galerie Bab Rouah. A l'entrée, une grande murale, signée à deux mains, Jarde/ Bourkia , vous accueille. Le bleu des tons et le sable de la matière annoncent la couleur. Suivent les villes imaginaires de Rahoule. Ses formes géométriques habituelles disparaissent laissant la place à une superposition d'aplats en acrylique sur toile. Si les toiles de Ghattas gardent leurs initiales formes géométriques, elles sont de plus en plus chargées et lourdes par des collages, notamment les fameux filets des pêcheurs. L'enfant de l'ancienne Médina de Casablanca et fils de l'un des premiers scaphandriers marocains reste fidèle à sa source inspiratrice, la mer, ses vagues et ses fonds aquatiques. Habbouli et Azhar travaillent, chacun à sa manière, sur la figure. “Les visages” du premier se métamorphosent, s'effacent avec de subtiles évocations de la photo, sa chambre noire et son alchimie. Azhar enferme les siens dans de répétitives cases. D'inspiration africaine qu'on dirait des masques, ces figures vous scrutent, avec des regards intenses, les pupilles “rondes et dilatées”. L'artiste continue d'interpeller la condition de l'être moderne et son enfermement au propre et au figuré. Le contraire d'un Salah Benjkan dont les tons sont chatoyants. Son gigantesque triptyque avec ses couleurs, ses silhouettes dansantes et ses instruments de musique évoque “al bahja”, la ville et sa gaieté, Marrakech est décidément une fête infinie… Reste à souligner qu'à la fin de chaque atelier, les éditions Marsam publient un porte-folios contenant et les lithographies des œuvres et les poèmes calligraphiés. Beaux livres d'art pour garder une trace des séjours qu'effacent les vagues de l'Atlantique, pour se souvenir…