Nabil EL BOUSAADI Après avoir évoqué, devant la presse, « un manque de soutien et de confiance dans le pays », Nathalia Gavrilita, 45 ans, qui dirigeait, depuis un an et demi, le gouvernement de la Moldavie, a présenté sa démission, ce vendredi. Ancienne république soviétique de 2,6 millions d'habitants, la Moldavie, qui est extrêmement dépendante de Moscou et qui est coincée entre la Roumanie et l'Ukraine subit les soubresauts de la guerre qui ravage ce pays et le mettent à rude épreuve. Ainsi, elle souffre, de plein fouet, d'une réduction drastique de ses livraisons de gaz par le géant russe Gazprom, des très fréquentes coupures d'électricité auxquelles donnent lieu les frappes russes sur des sites énergétiques ukrainiens, d'une très forte inflation et de cet important afflux de réfugiés ukrainiens. Cette démission étant intervenue au lendemain de la confirmation, par les services de renseignements moldaves, d'informations provenant de Kiev, selon lesquelles Moscou projetait de renverser le gouvernement pro-européen de Chisinau, la Première ministre démissionnaire a reconnu qu'il « était temps pour [elle] de partir » car personne ne s'attendait à ce que son gouvernement, élu durant l'été 2021, « ait à gérer autant de crises causées par l'agression russe en Ukraine » et rappelé qu'elle avait pris les «rênes du gouvernement avec un mandat anti-corruption, pro-développement et pro-européen et ce, à un moment où les stratagèmes de corruption s'étaient emparés de toutes les institutions du pays et où les oligarques se sentaient intouchables » si bien qu'elle avait « été immédiatement confrontée à un chantage énergétique » de la part de ceux qui espéraient qu'elle allait céder comme l'avaient fait, avant elle, les « gouvernements précédents lorsqu'ils avaient renoncé aux intérêts énergétiques et trahi l'intérêt national en échange de bénéfices à court terme ». Reconnaissant que le mandat de la Première ministre démissionnaire a été marqué par toute une série de difficultés comme la crise énergétique, la montée de l'inflation, voire même la traversée du ciel moldave par des missiles du fait de la guerre qui fait rage en Ukraine, la présidente pro-européenne de la Moldavie, Maia Sandu a saisi cette occasion pour la remercier pour « son sacrifice et ses énormes efforts pour gouverner à travers autant de crises » et pour rappeler que « malgré des défis sans précédent, le pays a été gouverné de manière responsable, avec beaucoup de soin et un travail dévoué » qui lui a permis de retrouver « la stabilité, la paix et le développement – là où d'autres voulaient la guerre et la faillite. » La présidente a, par la suite, procédé à la nomination de Dorin Recean, 48 ans, en tant que nouveau Premier ministre. Or, préalablement à sa prise de fonction en tant que nouveau chef du gouvernement, cet ancien entrepreneur dans la fintech, qui avait déjà détenu le portefeuille du ministère de l'Intérieur et occupé, depuis Février 2022, le poste de conseiller auprès de la cheffe d'Etat pour les questions de défense, devra obtenir la confiance du Parlement à l'issue d'un vote qui devrait se dérouler sans accrocs dans la mesure où il dispose déjà du soutien de 63 députés sur les 101 qui forment l'assemblée. Mais, si l'aval du Parlement lui est acquis, rien n'indique, toutefois, que le nouveau chef du gouvernement moldave, Dorin Recean, dont la tâche ne sera pas de tout repos, bénéficiera de la caution du Kremlin mais attendons pour voir...