« J'espère qu'aujourd'hui sera la fin d'une ère difficile pour la Moldavie. J'espère qu'aujourd'hui sera la fin du règne des voleurs en Moldavie (...) Les défis sont grands, les gens ont besoin de résultats [et] doivent ressentir les bénéfices d'un Parlement propre (...) J'espère utiliser l'énergie du vote d'aujourd'hui pour transformer la Moldavie ». C'est en ces termes que la présidente moldave, Maia Sandu qui, depuis son investiture en décembre dernier n'était pas parvenue à nommer son gouvernement faute d'accord avec un Parlement contrôlé par son prédécesseur qu'elle a finalement dissous en Avril dernier s'est félicité de la victoire de son parti, le Parti Action et Solidarité, aux élections législatives anticipées de ce dimanche. Ex-économiste de la Banque mondiale, Maia Sandu symbolise, pour nombre de ses compatriotes, le changement tant espéré et reste, à leurs yeux, la première personnalité politique moldave à être arrivée au pouvoir en « préservant une réputation d'honnêteté ». Formation politique de Centre-droit, le PAS, dont est issue la cheffe de l'Etat, a donc recueilli, ce dimanche, 52,7% des suffrages exprimés contre 27,2% pour le Bloc des socialistes et communistes (BESC) de l'ex-président pro-russe. Reconnaissant sa défaite Igor Dodon a déclaré que « les gens ont obtenu les changements qu'ils avaient voulus » et annoncé que son parti allait, désormais, se positionner et « travailler dans l'opposition ». Si cette fois-ci le taux de participation a été en très légère baisse par rapport aux dernières élections en avoisinant 48%, les craintes de fraude formulées par les deux camps n'avaient aucune raison d'être puisqu'à l'exception de quelques violations mineures du code électoral rapportées par des médias moldaves, le vote aurait été « bien géré » dans son ensemble, selon l'OSCE, hormis la présence de « certaines lacunes » ayant trait essentiellement au « contrôle du financement de la campagne ». Le score obtenu par le parti Action et Solidarité ayant été assuré à hauteur de plus de 86% par les voix de la diaspora moldave établie à l'étranger, cette victoire est d'autant plus importante pour la présidente qu'elle devrait normalement lui permettre de renforcer son pouvoir face à ses rivaux pro-russes en disposant de la majorité parlementaire nécessaire pour la mise en œuvre de son programme axé principalement sur la lutte contre la corruption et le rapprochement avec l'Union européenne. Or, à en croire l'analyste Victor Ciobanu, même en disposant d'une majorité à l'Assemblée, il ne lui « sera pas facile de réaliser ses projets grandioses de changement en profondeur de l'Etat » même si les Moldaves sont, dans leur grande majorité, fatigués par les scandales de corruption qui, de temps à autre, éclatent au grand jour et dont le plus retentissant avait été révélé en 2015 et portait sur la disparition, des caisses de trois banques, de la somme d'Un milliard de dollars, équivalent à 15% du PIB, . Coincée entre l'Ukraine et la Roumanie, la Moldavie, ce petit pays de 33.843 km2 comptant 2,6 millions d'habitants et dont une partie du territoire – la Transdniestrie, sécessionniste soutenue par Moscou – échappe à son contrôle, est secouée, depuis son indépendance en 1991, par des crises politiques récurrentes car sa population est divisée entre ceux qui lorgnent vers l'Union européenne et ceux qui n'entendent point se « détacher » de la mère-Russie. Mais si les observateurs s'attendaient à ce que ces élections législatives anticipées fassent diminuer l'influence de la Russie, il y a lieu de préciser que la présidente moldave n'a pas attendu les résultats de ce scrutin puisqu'elle avait déjà bousculé le Kremlin en déclarant qu'elle allait remplacer la garnison russe stationnée en Transdniestrie par des observateurs de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE). La jeune présidente moldave résolument pro-européenne va-t-elle réussir à éloigner son pays de l'influence de la Russie et à le rapprocher de l'Europe ? Attendons pour voir... Nabil El Bousaadi