En novembre dernier, des centaines de policiers serbes qui avaient été intégrés à la police kosovare, tout comme des juges, des procureurs et d'autres fonctionnaires avaient quitté leur poste en masse, pour protester contre la décision prise par le gouvernement de Pristina, d'interdire aux Serbes qui vivent au Kosovo d'utiliser des plaques d'immatriculation délivrées par la Serbie. Bien que cette décision ait été suspendue, les tensions entre les serbes et les kosovars persistent et se sont même accrues à l'approche des élections locales qu'il était prévu d'organiser le 18 décembre dans les municipalités à majorité serbe et que le principal parti serbe comptait boycotter. Mais, lorsque des explosions et des tirs d'armes automatiques se firent entendre alors qu'en prévision de la tenue desdites élections, des responsables kosovars étaient en train de visiter deux municipalités du nord du pays, la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, a décidé de reporter le scrutin au 23 Avril prochain ; un report qui avait été salué aussi bien par la représentation de l'Union européenne que par les ambassades de France, d'Allemagne, d'Italie, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis qui toutes y avaient vu une « décision constructive » prise à l'effet de « faire progresser les efforts pour parvenir à une situation plus sûre dans le nord ». Mais en dépit de ces efforts, la tension persiste, sur le terrain, à telle enseigne que la première ministre serbe, Ana Brnabic, a déclaré, la semaine dernière que la situation avec le Kosovo est « au bord du conflit armé » et que lundi, l'armée serbe a été placée en état d'alerte renforcée. Ainsi, d'après une déclaration faite par le ministre serbe de la Défense, Milos Vucevic, suite aux tensions qui ont lieu au Kosovo où des barrages routiers ont été érigés et des tirs et des explosions ont été entendus, « le président de la Serbie [Aleksandar Vucic] a ordonné à l'armée serbe d'être au plus haut niveau de préparation au combat, c'est-à-dire au niveau de l'utilisation de la force armée ». Sur son chemin vers Raska, à 10 kilomètres de la frontière avec le Kosovo, sur ordre du chef de l'Etat, le chef des armées serbes, le général Milan Mojsilovic a reconnu que « la situation est compliquée » et qu'elle requiert « la présence de l'armée le long de 'la ligne administrative' », terme utilisé par les autorités de Belgrade pour désigner la frontière avec le Kosovo qui reste un point chaud dans la région des Balkans depuis la guerre de 1998/1999 qui n'avait pris fin qu'après l'intervention des forces de l'OTAN car Belgrade qui ne reconnaît, toujours pas l'indépendance proclamée, en 2008, par son ancienne province méridionale, peuplée majoritairement d'Albanais, encourage les 120.000 serbes du Kosovo à tenir tête à Pristina, la capitale du pays, pour l'empêcher d'asseoir sa souveraineté sur l'ensemble du territoire. Aussi, est-ce pour protester contre l'arrestation, le 10 décembre, d'un ancien policier serbe, que plusieurs centaines de ses compatriotes ont paralysé la circulation vers deux postes frontaliers avec la Serbie en érigeant, depuis lors, des barrages dans le nord du Kosovo. Le président serbe ayant exigé que « toutes les mesures soient prises pour protéger le peuple serbe au Kosovo », le ministre serbe de l'Intérieur a déclaré que « toutes les unités » passeront « immédiatement sous le commandement du chef d'Etat-major général » et que la présence militaire serbe au Kosovo qui est actuellement de 1.500 soldats sera renforcée de manière à atteindre 5.000 soldats. Faudra-t-il s'attendre à une réédition du conflit « fratricide » qui avait mis aux prises les serbes et les kosovars de 1998 à 1999 ? Pour l'heure, tout va dans cette direction mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI