Nabil El Bousaadi La situation était vraiment tendue, ce dimanche matin, dans le nord du Kosovo car, pendant la nuit, des « inconnus » avaient échangé des tirs avec des policiers kosovares qui ont indiqué avoir subi trois attaques successives à l'aide d'armes à feu sur l'une des routes menant à la frontière alors qu'une grenade assourdissante a été lancée en direction des forces de l'UE déployées, dans la région, dans le cadre de la mission « Eulex ». En condamnant ces attaques, le chef de la diplomatie de l'UE, Josep Borell a sommé les Serbes du Kosovo de retirer « immédiatement » les barricades érigées dimanche pour que le « calme » soit « rétabli » et que « l'escalade » soit « évitée ». Mais, en déplorant l'arrestation d'un ancien policier serbe soupçonné d'avoir attaqué des policiers kosovars pour empêcher son transfert à Pristina, la capitale du Kosovo, des dizaines de ses compatriotes se sont réunis sur des barrages édifiés la veille et paralysant le trafic au niveau de deux passages frontaliers entre le Kosovo et la Serbie qui a saisi, cette occasion, pour demander, à l'OTAN, l'autorisation de déployer des forces de sécurité dans le pays en application des dispositions d'une résolution de l'ONU, datant de la fin du conflit qui avait opposé, entre 1998 et 1999, l'ancienne Yougoslavie à l'armée de libération du Kosovo, et qui lui permet de déployer jusqu'à un millier de policiers et de militaires sur des sites religieux orthodoxes, dans les zones à majorité serbe ainsi qu'aux postes-frontières. Ce déploiement viserait, selon le dirigeant serbe Aleksandar Vučić, à mettre un terme au « harcèlement » subi par les Serbes du Kosovo, une communauté qui compte environ 120.000 membres, qui refuse d'être inféodée à Pristina et qui bénéficie, par ailleurs, du soutien de Belgrade qui n'a jamais reconnu l'indépendance du Kosovo. Mais, cette requête n'a « aucune chance d'être approuvée » car bien que l'indépendance de l'ancienne province serbe du Kosovo ait été prononcée en 2008 et immédiatement reconnue par les Etats-Unis et la majorité des pays de l'UE, Belgrade n'y adhère toujours pas et encourage la population serbe du nord du Kosovo à défier l'autorité de Pristina. Etant « très préoccupée » par ces vives tensions, la France a jugé « inacceptable » l'attaque ayant visé les forces de l'ordre alors que, de son côté, le Kremlin, qui soutient Belgrade, au nom d'anciens liens historiques et religieux, et qui exige que les droits des Serbes soient garantis, a appelé au règlement des tensions entre la Serbie et le Kosovo par des « moyens diplomatiques » et des « efforts de nature pacifique ». Les tensions entre serbes et kosovars se sont accrues à l'approche des élections locales qu'il était prévu d'organiser le 18 décembre dans les municipalités à majorité serbe mais que le principal parti serbe compte boycotter. Des explosions et des tirs d'armes automatiques ayant été entendus jeudi au moment où, en prévision de la tenue desdites élections, des responsables kosovars étaient en train de visiter deux municipalités du nord du pays, la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, a, finalement, décidé de reporter le scrutin au 23 Avril prochain. Ce report qui a été salué, à la fois, par la représentation de l'Union européenne et par les ambassades de France, d'Allemagne, d'Italie, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis qui toutes y ont vu une « décision constructive » prise à l'effet de « faire progresser les efforts pour parvenir à une situation plus sûre dans le nord » serait-il un prélude à la paix ?