La province du Kosovo a été, mercredi et jeudi, la proie d'une flambée de violence entre Serbes et Albanais, dont le bilan s'établissait jeudi à 22 morts et plus de 250 blessés dans les deux camps, selon des sources médicales, de l'ONU et d'informations de presse. Le Kosovo est en feu depuis trois jours. Les affrontements entre serbes et Albanais sont d'une telle violence que l'OTAN a dépêché jeudi des renforts pour tenter de rétablir le calme dans cette province. L'Alliance atlantique, dont les ambassadeurs se sont réunis d'urgence à Bruxelles, a annoncé l'envoi de 700 hommes en renfort, prélevés notamment sur le contingent déployé en Bosnie. Une compagnie de 100 à 150 soldats américains, ainsi que 80 carabinieri italiens sont déjà en chemin. Sollicitée par l'OTAN, la Grande-Bretagne a annoncé avoir mis à disposition une force de 750 hommes. Deux cent soixante Britanniques appartiennent déjà à la KFOR. Jusqu'ici, la force de l'OTAN comptait 17.500 hommes en plus des 9.000 agents kosovars et policiers de l'ONU. Jeudi encore, le commandant de la KFOR, le général allemand Holger Kammerhoff, a donné son feu vert à l'utilisation de la force, afin d'"assurer la sécurité de nos soldats, protéger les gens innocents et rétablir la liberté de mouvement pour tous au Kosovo". La KFOR, qui a fermé l'aéroport international de Pristina sous son contrôle, a également annoncé que les "frontières" avaient été fermées à tout trafic. Les violences qui ont commencé mercredi se sont poursuivies durant la journée de jeudi à Obilic près de Pristina où l'église orthodoxe et plusieurs maisons serbes ont été incendiées, a déclaré un porte-parole de l'ONU, chargée de l'administration de cette province du sud de la Serbie à majorité albanaise. Les heurts avaient éclaté à Kosovska Mitrovica, dans le Nord, et à Caglavica, avant de s'étendre à la quasi-totalité des localités serbes du Kosovo, dans lesquelles des foules d'Albanais se sont attaquées aux Serbes. À l'origine de ces violences, une information, non confirmée, selon laquelle deux ou trois enfants albanais seraient morts noyés à Kosovska Mitrovica, après avoir étés poussés par des Serbes dans la rivière Ibar qui sépare la ville en deux parties, l'une majoritairement albanaise au sud, l'autre Serbe au Nord. Mercredi, les violences commencent lorsqu'une marée d'Albanais a forcé les points de contrôle de la KFOR et pénétré dans la partie serbe de Mitrovica. Des affrontements ont éclaté, des pierres ont commencé à voler de part et d'autre, des coups de feu ont été échangés. Soldats de l'OTAN et policiers de l'ONU ont fait usage de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Il a fallu plusieurs heures à la KFOR pour s'interposer et reprendre le contrôle du pont qui relie les deux parties de la ville. C'est la première fois que des affrontements aussi meurtriers et aussi étendus se produisent au Kosovo depuis la fin, en juin 1999, du conflit dans cette province du sud de la Serbie à majorité albanaise, administrée par l'Onu depuis les bombardements de l'Otan (1999), qui avaient entraîné le retrait des forces serbes de la province et, dans une certaine mesure, consacré la victoire des séparatistes kosovars. Ces violences reflètent l'extrême fragilité de la paix dans la province, malgré la présence de la Mission de l'ONU au Kosovo (Minuk) et des quelque 20.0 00 soldats de la force multinationale (KFOR) dirigée par l'OTAN. Des violences qui font craindre que les Albanais ne se retournent contre l'Otan et l'Onu s'ils jugent que leur indépendance tarde à venir.