«Je promets de renforcer l'Etat de droit » n'est pas un slogan de campagne comme il en a l'air mais ce qu'a déclaré, ce dimanche 4 avril, Vjosa Osmani, qui, à l'âge de 38 ans, est devenue la « présidente de tous» les kosovars après avoir recueilli, au troisième tour du scrutin, les suffrages de 71 des 120 députés du Parlement du Kosovo et ce, deux semaines après que le mouvement réformiste de gauche «Vetëvendosje» (VV) d'Albin Kuti ait obtenu l'écrasante victoire qui a permis à ce dernier d'accéder à la Primature et d'entériner la chute de la vieille garde des anciens commandants indépendantistes qui s'étaient illustrés lors de la guerre contre les forces serbes entre 1998 et 1999. Professeure de droit, féministe, réformiste, candidate du Mouvement d'autodétermination issu de la Ligue démocratique du Kosovo (LDK, Centre-droit), Vjosa Osmani est née à Mitrovica le 17 mai 1982. Après avoir entamé des études universitaires à la Faculté de droit de l'Université de Pristina, elle a obtenu sa maîtrise puis son doctorat à l'Université de Pittsburgh aux Etats-Unis. Mariée et mère de 2 enfants, l'intéressée est polyglotte puisqu'en plus de l'albanais qui est sa langue maternelle, elle parle anglais, turc, espagnol et serbe. La nouvelle présidente qui a, par ailleurs, publié divers ouvrages traitant du droit international et du droit commercial, et qui appartient à cette nouvelle génération de kosovars dont le souci premier est d'éradiquer la corruption qui gangrène ce territoire des Balkans depuis qu'il a accédé à l'indépendance à la fin des années 1990, n'est pas une inconnue du grand public puisque après avoir été présidente du Parlement du Kosovo, elle avait, conformément à la Constitution du pays, été appelée à assurer, pendant quelques mois, l'intérim du président Hashim Thaçi, après son inculpation en novembre dernier pour « crimes de guerre » par la justice internationale. Ayant eu beaucoup de mal à retenir ses larmes ce dimanche soir, Vjosa Osmani a invité ses compatriotes à ne pas « arrêter d'aller de l'avant » car tous leurs « rêves peuvent devenir réalité ». En déclarant, en outre, que « les femmes ont le droit d'être là où elles le veulent » la nouvelle dirigeante du pays a confirmé, par sa victoire, la montée en puissance des femmes sur la scène politique de l'ancienne province de Belgrade qui a déclaré son indépendance en 2008. Mais s'il est clair que, dans ce pays où les idées patriarcales sont fortement enracinées, les femmes ont, désormais, leur mot à dire puisqu'elles sont 40 au sein d'un Parlement de 120 députés et six dans un gouvernement formé de 15 ministres, il est, également, certain qu'elles auront fort à faire pour juguler un chômage endémique qui pousse les jeunes kosovars à aller chercher leur salut en Suisse ou en Allemagne et pour s'équiper en vaccins alors que le Covid-19 a déjà fait plus de 1.900 morts sur une population totale de moins de 2 millions d'habitants. Quelle va être, enfin, la réponse du nouveau pouvoir kosovar à l'Union européenne et aux Etats-Unis qui le presseront de relancer le dialogue avec la Serbie alors que Belgrade n'a toujours pas reconnu l'indépendance de son ancienne province ? Attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI