Considérant que les violences jihadistes au Mali qui ont fait, de 2012 à ce jour, des milliers de morts et des millions de déplacés, s'étendent au Burkina-Faso et au Niger et menacent, désormais, les Etats du golfe de Guinée par l'entremise des combattants du groupe Etat islamique et d'Al Qaïda qui multiplient leurs attaques contre ces deux pays, les représentants des pays de l'Initiative d'Accra – à savoir, le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d'Ivoire, le Ghana, le Togo, le Mali et le Niger – se sont retrouvés, les 17 et 18 novembre, à Accra au Ghana, afin de préparer le sommet du 22 novembre au cours duquel les chefs d'Etats de la région et les représentants de l'Union européenne et de la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) examineront les propositions en matière de sécurité ainsi que les possibilités de «rééquilibrer» leur déploiement au Sahel et dans les pays côtiers. Lancée en 2017, au titre de la collaboration en matière de sécurité et de renseignement en partant du fait que l'extrémisme violent transcende les frontières, l' «Initiative d'Accra » est un forum comprenant le Bénin, le Burkina-Faso, la Côte d'Ivoire, le Ghana et le Togo auxquels se sont joints, par la suite, le Mali et le Niger en tant qu'observateurs. Etant, également, un mécanisme de sécurité «coopératif et collaboratif» qui repose sur le partage d'informations et de renseignements, la formation du personnel de sécurité et de renseignement et, enfin, la conduite d'opérations militaires conjointes transfrontalières, l'«Initiative d'Accra» se trouve, néanmoins, confrontée à des défis car bien que les opérations qu'elle mènent aboutissent à des arrestations, celles-ci sont ponctuelles et, à ce titre, n'affectent que temporairement le déplacement des groupes jihadistes. En ajoutant à cela le fait que les Etats sont, également, tenus de veiller à ce que les opérations et les mesures de sécurité n'affectent pas, de manière négative, les moyens de subsistance des populations car ceci pourrait donner lieu à un fort mécontentement vis-à-vis des gouvernements qui pourrait se traduire par un rapprochement avec les groupes jihadistes, les gouvernements concernés se doivent de susciter l'adhésion et la coopération de leurs concitoyens dans la lutte contre les jihadistes en intégrant les services sociaux dans leurs plans de sécurité principalement dans les zones frontalières. Et en considérant, par ailleurs, qu'en matière de renseignements les capacités des pays concernés sont limitées et diffèrent d'un Etat à l'autre, il est donc clair que ceux-ci auront bien du mal à localiser et à contrôler, de manière efficace, les mouvements transfrontaliers des groupes terroristes. Or, si au cours de cet été, Paris a achevé le retrait des troupes françaises qui, pour contrecarrer la violence jihadiste, opéraient au Mali depuis près d'une dizaine d'années, il y a lieu de signaler que les relations entre la junte militaire d'Assimi Goïta, au pouvoir à Bamako depuis les deux coups d'Etat successifs de 2020 et 2021, et les Casques bleus se sont dégradées, depuis qu'en dépit de son démenti, elle s'est rapprochée de la Russie pour travailler avec le groupe paramilitaire russe Wagner à telle enseigne que les contingents égyptien, ivoirien et britannique ont annoncé leur retrait. Au vu de la menace jihadiste sans cesse grandissante dans la région du Sahel et du golfe de Guinée, est-il permis de croire que Paris, Le Caire, Yamoussoukro, Londres et les autres vont accepter de revenir sur leur décision de ramener leurs troupes à la maison afin qu'elles soient redéployées, dans la région, nonobstant la présence de Wagner ? Attendons pour voir...