Nabil El Bousaadi « Moi, William Samoei Ruto (...) jure de préserver, de protéger et de défendre la Constitution du Kenya (...) en tant que président ». C'est par cette déclaration que, ce mardi, William Ruto, 55 ans, qui fut l'adjoint du président sortant Uhuru Kenyatta, et qui est devenu, à l'issue du scrutin du 9 Août dernier, le cinquième président de la République du Kénya, a prêté serment devant une foule en liesse dans le stade archi-comble de Kasarani, à Nairobi, la capitale. Pour rappel, ce n'est que le 5 septembre que la Cour Suprême avait, finalement, validé, à l'unanimité, la victoire de William Ruto en confirmant que ce dernier a recueilli 233.000 voix de plus que son rival, Raila Odinga, figure historique de la politique kényane qui avait dénoncé des fraudes En évoquant une transition en douceur et en saluant, au cours de cette cérémonie, son prédécesseur qui, en retour, l'a chaleureusement félicité, le nouveau président a appelé à l'unité et tendu une « main fraternelle » à ses opposants en leur rappelant qu'ils « ne sont pas des ennemis » dans la mesure où ils sont « tous des kényans ». C'est donc avec cette prestation de serment que prirent fin les deux mandats, (2013 & 2017), du président Uhuru Kenyatta, qui est aussi le fils de Jomo Kenyatta, le père de l'indépendance du Kénya et premier président du pays, et qui, après avoir transféré les instruments de pouvoir à son successeur dans un climat de haute sécurité, percevra, désormais, une somme forfaitaire non imposable de 324.000 euros, un salaire annuel de 600.000 euros, une allocation mensuelle de 10.000 euros ainsi que des bureaux meublés, des dizaines d'assistants, des gardes du corps et des voitures de son choix remplaçables tous les trois ans. En somme, de quoi surprendre même un certain Barack Obama qui, après avoir fait, lui aussi, deux mandats, à la tête de la plus grande puissance mondiale, perçoit 200.000 dollars par an, mais passons, car cela est une autre histoire. Faisant, désormais, partie des hommes les plus riches du pays alors même qu'il est issu d'un milieu très modeste, le nouveau président William Ruto, qui s'est présenté comme étant le « héraut des débrouillards du petit peuple » avait promis, pendant sa campagne électorale, de sortir le pays du « gouffre économique » dans lequel il se trouve, de mettre en place un « fonds des débrouillards » d'un montant de 50 milliards de shillings kényans (environs 410 millions d'euros) pour l'octroi de prêts aux petites entreprises, de créer des emplois et de s'attaquer à l'inflation qui a touché, de plein fouet, les carburants, les produits alimentaires, les semences et les engrais. Mais en héritant d'un pays lourdement endetté, il est sûr que, sur le terrain économique, la tâche ne sera pas aisée pour le nouveau chef de l'Etat et qu'il éprouvera de grandes difficultés à tenir les promesses faites aux couches défavorisées de la population kényane durant la campagne électorale du moment que, comme a tenu à le préciser le centre de réflexion International Crisis Group (ICG), il sera appelé à répondre « à des attentes très élevées et à une économie en mauvaise posture ». Sachant, enfin, qu'il est difficile de concilier entre une économie très mal en point et les espérances de la population et qu'il est plus dur de gouverner que de faire campagne, attendons pour voir...