Nabil EL BOUSAADI Les discussions menées depuis Avril 2021, sous l'égide de l'Union européenne, par l'Iran, la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne avec la participation indirecte des Etats-Unis au titre de la réactivation de l'accord de Vienne encadrant le nucléaire iranien mais qui étaient au point mort depuis mars dernier, ont repris ce mercredi dans la capitale autrichienne. Quatre jours après la reprise des discussions concernant la relance de l'accord de Juillet 2015 visant à garantir le caractère civil du programme nucléaire de l'Iran qui était accusé de chercher à se doter de l'arme atomique malgré ses démentis, l'Union européenne, soucieuse de « clore » ce dossier, a soumis, à l'appréciation des participants, un texte qui, d'après un responsable européen ayant requis l'anonymat, est « un « texte final » qui ne devra faire l'objet d'aucune « renégociation ». Cité par l'agence officielle iranienne IRNA, un haut responsable du ministère iranien des affaires étrangères a déclaré que, dès réception de ce document, l'Iran a fait part de sa réponse initiale et de ses réflexions à Enrique Mora, le coordinateur de l'UE en charge de la supervision des négociations afférente à la réactivation de l'accord de 2015 sans préciser, toutefois, ni en quoi consiste cette « réponse » ni quelle est la teneur desdites réflexions. Mais en considérant que « les clauses » contenues dans le document « nécessitent un examen global », le diplomate iranien a affirmé, par ailleurs, que le point de vue et les remarques de la partie iranienne afférentes au « texte final » seront transmises « au coordinateur et aux autres parties ». Espérant « vivement » que ce document sera, incessamment, accepté par l'Iran même si Téhéran n'a toujours pas donné son aval, le responsable européen pour lequel « la balle » serait, désormais, « dans le camp iranien », mésestime cet obstacle de taille qui bloque encore les négociations et qui a trait notamment au fait que l'Iran réclame à l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA) la « clôture de la question des sites non déclarés » où des traces d'uranium enrichi avaient été retrouvées. Considérant que cette question est fondamentale pour la république islamique, Hossein Amir Abdollahian, le ministre iranien des affaires étrangères a tenu à préciser, ce dimanche, que « l'Agence devrait complètement régler la question (...) par la voie technique et s'éloigner des questions politiques non pertinentes et non constructives » ; ce à quoi, Josep Borell, le haut représentant de l'Union européenne pour les Affaires étrangères a déclaré, sur Twitter, que « derrière chaque question technique et chaque paragraphe se cache une décision politique qui doit être prise dans les capitales ». Pour rappel, à la suite du retrait unilatéral, des Etats-Unis, dudit accord, en 2018, et le rétablissement, par Washington des sanctions contre Téhéran, l'Iran s'était progressivement affranchi de ses obligations à telle enseigne qu'au cours de ces derniers mois, le programme nucléaire iranien a fait l'objet d'une « accélération » qui fait dire à l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), qu'après avoir éteint, en Juin dernier, plusieurs des caméras qui étaient installées au sein de ses différents sites nucléaires, la République islamique iranienne disposerait, désormais, d'un stock de 43 kilogrammes d'uranium hautement enrichi – ce qui est plus que suffisant pour produire une bombe nucléaire – et qu'elle aurait même commencé à enrichir de l'uranium dans sa centrale souterraine de Fordo même si elle avait promis que cet uranium ne serait utilisé qu'à des fins civiles. En considérant, enfin, qu'avec la venue de l'ultra-conservateur Ebrahim Raïssi aux commandes du pays, la République islamique iranienne a emprunté la voie de la radicalisation puisque des milliers de personnes ont été emprisonnées pour opposition au régime pendant que des centaines d'autres croupissent dans les couloirs de la mort pour « insulte au prophète », que les femmes continuent de faire l'objet de toutes sortes de discriminations et que les minorités religieuses, comme les Baha'is, sont brutalement réprimées, rien, pour l'heure, ne permet d'affirmer que l'accord de 2015 encadrant le programme nucléaire iranien va être « relancé » mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI