Nabil EL BOUSAADI «Nous n'avons aucun problème à revenir à nos engagements (...) mais les américains doivent savoir que ni les sanctions ni les actes de sabotage ne leur procureront un instrument de négociation et que ces actions ne feront que compliquer encore plus la situation pour eux» a déclaré, ce mardi, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, lors d'un point de presse tenu à Téhéran en présence de son homologue russe Sergueï Lavrov. Ces propos surviennent après que la veille Téhéran ait accusé Israël d'avoir endommagé des centrifugeuses de son usine d'enrichissement d'uranium de Natanz dans le but évident de faire capoter les discussions indirectes en cours à Vienne entre l'Iran et les Etats-Unis avec la médiation de l'Union européenne et la participation des autres signataires de l'accord de 2015 encadrant le programme nucléaire iranien conformément au souhait de Joe Biden de faire retourner les Etats-Unis au dit accord. Mais, si Washington exige que l'Iran respecte tous les engagements pris dans le cadre du JCPoA de Juillet 2015 avant la levée des sanctions qui lui sont appliquées, Téhéran considère, pour sa part, que la levée des sanctions est un préalable à son respect des termes de l'accord encadrant son programme nucléaire. Les accusations portées par Téhéran à l'encontre d'Israël ne sont pas de pure forme puisque plusieurs médias israéliens ont avancé l'idée que l'opération de sabotage précitée porte la signature du Mossad. Aussi, en considérant cet incident comme étant un acte de « terrorisme nucléaire » perpétré par Israël pour se « venger » des progrès réalisés par Téhéran dans le cadre de cette levée des sanctions que Tel Aviv redoute tant, l'Iran s'est, d'ores et déjà, réservé le droit de prendre sa revanche en prenant à l'encontre de l'Etat juif toutes les mesures qui s'imposent. Si donc en sabotant le site d'enrichissement d'uranium de Natanz, dont la plus grande partie est souterraine et qui est l'un des sites surveillés par les inspecteurs de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), le Mossad visait à retarder de plusieurs mois les opérations d'enrichissement d'uranium, c'est le contraire qui s'est produit. Aussi, Mohammad Javad Zarif a affirmé que les israéliens ont fait un « très mauvais pari » en croyant qu'une attaque contre la centrale de Natanz, allait « stopper les efforts » entrepris par l'Iran pour la levée des sanctions puisque la centrale visée « va passer à des centrifugeuses plus perfectionnées ». Ainsi, même si l'accord de Vienne ne l'autorise à utiliser que des centrifugeuses IR-1 de première génération, la République islamique iranienne a répondu au retrait américain dudit accord par une accélération de son programme nucléaire et c'est à ce titre, d'ailleurs, que le régime des Mollahs a inauguré, en grandes pompes, le 10 Avril, la mise en service, dans la centrale de Natanz, d'une nouvelle ligne de 164 centrifugeuses dites IR-6 et d'une autre ligne de 30 centrifugeuses IR-5. Au vu de l'accélération du programme nucléaire iranien, il est bien difficile de croire en une réactivation prochaine de l'Accord de Vienne et en une levée rapide des sanctions imposées à l'Iran, mais attendons pour voir...