Mohamed Nait Youssef La Commission d'Aide à la Production des Œuvres Cinématographiques a dévoilé les projets de films admis à l'avance sur recettes au titre de la deuxième session de l'année 2022. Elle a en effet examiné quatre films de long métrage, un documentaire sur la Culture, l'Histoire et l'Espace Saharaoui Hassani, un documentaire et deux eux films de court métrage pour l'avance sur recettes après production. Pour ce qui est de l'avance sur recettes avant production, elle a examiné vingt-sept projets de long métrage, trois projets de court métrage, deux projets de documentaire de fiction et deux projets pour la contribution à l'écriture du scénario. Par ailleurs, ce ne sont pas moins de trente-neuf projets candidats à l'avance sur recettes avant production qui ont été examinés par la Commission dans la catégorie des documentaires sur la Culture, l'Histoire et l'Espace Sahraoui Hassani. Comme à l'accoutumée, ces résultats ne sont pas passés inaperçus. Car, certains réalisateurs ont enflammé la toile en créant une polémique par rapport au soutien accordé aux productions cinématographiques. En tout cas, ce n'est pas nouveau ! Or, cette fois-ci certains sont partis même loin en accusant la Commission de ce qu'ils ont nommé « extrémisme francophone », pour reprendre les mots de l'acteur marocain Mohamed Choubi qui a taclé la Commission. Contactée par Al Bayane, Rita El Khayat, présidente de la Commission d'aide à la production cinématographique nationale, a souligné que son travail repose sur la transparence et le vote. «Je n'ai strictement rien à dire sur les réactions des cinéastes. Je n'ai pas de commentaires à faire! Je suis claire avec moi-même et claire avec les membres de la commission parce que je procède au vote.», a-t-elle affirmé. Des projets rejetés, des polémiques Le scénariste et réalisateur Hakim Kebabi a tiré, quant à lui, à boulets rouges sur la Commission. «La majorité des membres de la Commission sont de culture française et n'ont aucun rapport réel avec le cinéma et la réalité cinématographique marocaine. Ils n'ont jamais mis les pieds sur un lieu de tournage et ne connaissent pas les conditions de réalisation d'un film.», a-t-il dit. Et d'ajouter: «Nous voulons de vraies justifications scientifiques pour le motif du rejet de nos projets au lieu de se contenter de mots creux comme: des personnages fragiles, une intrigue faible et d'autres réponses amusantes.» En contrepartie, le réalisateur a appelé à une préservation des acquis du cinéma marocain. «Nous voulons une justice cinématographique en désignant des noms cinématographiques connus pour crédibilité et professionnalisme.», a-t-il souligné. Rabii El Jawhari, réalisateur du film Siga, s'est adressé à la présidente de la Commission sur les raisons du rejet de son dernier film. «En réalité, je ne sais pas comment vous justifierez cette fois-ci en privant un film marocain filmé à 300 millions de centimes. La dernière fois, des mains invisibles, dans un incident mystérieux, ont transformé le film du format DCP qui nous a été demandés au format MP4 d'une manière non professionnelle qui a rendu le film complètement invisible. Et au lieu de chercher le secret de cette étrange de transformation, elle nous a répondu qu'il y avait des problèmes techniques.», a-t-il écrit sur sa page sur les réseaux sociaux. Le film amazigh : le grand absent ! Le film amazigh est le grand absent des projets de films admis à l'avance sur recettes. «L'amazighe est exclu dès l'écriture parce qu'on n'a pas des producteurs et des scénaristes qui écrivent en amazigh et pour l'amazigh. Or, on ne veut pas mettre l'amazigh dans un ghetto. », nous confie le réalisateur, Baidou Ahmed. Selon lui, la présence des spécialistes de l'amazigh notamment pour lecture des scénarios est désormais nécessaire. Entre documentaire et fiction, le producteur réalisateur Aghrrabou et Addour a déposé 13 fois durant les dernières quatre dernières années. Mais en vain. «J'étais toujours étonné par la qualité de la discussion du projet parce qu'on nous parle plus des personnages, du décor, de la vision du réalisateur, du budget du film. Pis encore, le producteur n'a pas le droit de parler ou de défendre le projet.», a-t-il révélé. Et d'ajouter: «certains membres de la Commission ne font que lire la note d'intention du réalisateur sur laquelle ils se basent pour échanger autour du projet.» Baidou Ahmed a alerté à la nécessité d'accorder plus de temps aux réalisateurs et producteurs pour défendre leurs visions et projets de films. «Je n'ai jamais eu suffisamment de temps pour défendre mon dossier. Pis encore, la plupart du temps, on me posait des questions banales.», conclut-il.