Record du monde du 100 m haies par la Nigériane Tobi Amusan et de la perche pour Armand Duplantis, 20e médaille mondiale pour Allyson Felix tirée de sa retraite, record de podiums pour les Etats-Unis, les Mondiaux d'athlétisme de Eugene (Oregon) se sont achevés en apothéose dimanche. En moins de deux heures, Tobi Amusan aura fait passer trois frissons dans les travées du Hayward Field. D'abord en battant le record du monde du 100 m haies dès les demi-finales en 12 sec 12, puis en dominant la finale en 12 sec 06, un temps finalement non homologué en raison du vent de dos qui soufflait trop fort (2,5 m/s, limite à 2 m/s). « Pour être honnête, j'ai confiance en moi mais je ne m'attendais pas à un record du monde lors de ces championnats. Vous savez, le but reste toujours de s'appliquer pour faire une bonne course et gagner. Le record du monde c'est un bonus », a déclaré la Nigériane en conférence de presse. « Avant la finale j'ai juste essayé de rester calme, j'ai pris une grande inspiration, je savais qu'il me restait un objectif à remplir ». « J'ai beaucoup travaillé sur la vitesse, avec plusieurs 100 m en début de saison, ça a été un facteur important de la performance ce soir », a-t-elle expliqué. Ancienne étudiante de l'Université du Texas à El Paso (UTEP), Amusan est devenue assistante coach pour continuer de s'entraîner là-bas avec sa coach jamaïcaine Lacena Golding-Clarke. « Sans aucun doute, la discipline que m'ont inculquée mes parents a façonné qui je suis aujourd'hui sur la piste, dit-elle. Je ne sors pas, je ne bois pas, et je suis sérieuse sur la piste. » Le quasi imbattable Armand Duplantis a réussi un incroyable doublé titre mondial et record du monde dimanche. Après un raté sans conséquence à 5,87 m, Duplantis a déroulé en passant 5,94 m puis 6 m au premier essai pour s'assurer du titre, avant de franchir 6,06 m et enfin 6,21 m pour un nouveau record du monde à sa deuxième tentative. A 22 ans, « Mondo » a décroché le dernier titre qui manquait à son palmarès, alors qu'il était déjà champion d'Europe en plein air (2018), en salle (2021), champion olympique (2021) et champion du monde en salle (2022). Il a battu pour la cinquième fois le record du monde en deux ans et demi, la troisième fois en 2022 après ses 6,19 m puis 6,20 m réussis en salle à Belgrade en mars. Encore plus fort, c'est la première fois depuis 1994 et Sergueï Bubka (6,14 m) que le record est battu en plein air. « J'étais le tout dernier à concourir, j'aime sauter dans ce genre de situation, avec la pression du dernier, quand tout le monde te regarde. Mais aujourd'hui j'ai avant tout cherché à gagner, ce qui est venu après était un bonus, j'étais concentré sur l'or », a-t-il commenté. « J'ai été surpris lors de mon dernier saut, je n'ai même pas touché la barre. Les graphiques disent que j'étais 8 cm au dessus, c'était assez dingue. » Sans courir dimanche, la légende Allyson Felix a tout de même ajouté une 20e et dernière médaille mondiale (14 en or), un record, à son immense palmarès. La vétérane (36 ans) pensait avoir disputé sa dernière course internationale la semaine dernière en début de compétition sur le 4×400 m mixte, où elle avait contribué au bronze des Etats-Unis, mais elle a été rappelée par les entraîneurs au dernier moment pour participer aux séries du 4×400 m femmes samedi. Elle a laissé ses coéquipières, 21 ans de moyenne d'âge, menées par Sydney McLaughlin, remporter avec la manière le titre, lui offrant un ultime podium par procuration. Avec la victoire du relais 4×400 m hommes également, les Etats-Unis ont parachevé leur ultra-domination sur « leurs » Mondiaux disputés dans la bourgade de Eugene, surnommée ici « Tracktown ». Avec 33 médailles dont 13 titres, ils ont égalé leur propre record de médailles d'or (13 en 1993 à Stuttgart) et établi le meilleur total de médailles de l'histoire de la compétition, qui existe depuis 1983. Loin derrière eux, l'Ethiopie, la Jamaïque et le Kenya ont chacun récolté dix médailles à Eugene, tous métaux confondus.