Tenant du titre, l'Américain Sam Kendricks a assumé son statut et conservé sa couronne de maître du saut à la perche au terme d'un concours à rebondissements, comme un symbole de la domination américaine depuis le début des Mondiaux à Doha (Qatar). Avec trois perchistes à plus de 6 m cette saison, le combat entre l'Américain Sam Kendricks, le Suédois Armand « Mondo » Duplantis et le Polonais Piotr Lisek était aussi attendu que la chaleur au Qatar. Pas de surprise: il fait très chaud, et le combat a bien eu lieu. Très vite, les trois larrons se retrouvent seuls à franchir 5,80 m. Le podium est connu, il faut un vainqueur. Un an après le concours fou de l'Euro de Berlin, et la victoire de Duplantis (6,05 m) face au Russe Timur Morgunov, tous les deux à plus de six mètres, Doha a réservé des montagnes russes d'émotions. Une fois le musclé Lisek et son cri effrayant condamné au bronze, Kendricks et Duplantis se sont retrouvés deux fois chacun au pied du mur, pour mieux sauter par-dessus. Le « teenager » Mondo Duplantis (19 ans), suédois par sa mère mais américain pour tout le reste (il est né et habite en Louisianne), a renversé 5,92 m puis 5,97 m, Kendricks l'imitant à 5,97 m après avoir sauvé sa peau à 5,87 m. Les deux échouent à 6,02 m mais c'est bien Kendricks qui empoche l'or grâce à moins d'essais ratés, et devient le premier perchiste à conserver son titre depuis la légende Sergueï Bubka (six titres entre 1983 et 1997). « Je suis à la fois ravi, abasourdi et exalté. C'est presque dur à croire. Avoir six perchistes ayant passé plus de 6 m qui veulent tous essayer de gagner la compétition la plus importante de l'année, titanesque, a rendu cette nuit mémorable », s'est réjoui Kendricks. « J'ai tout donné franchement, c'était incroyable avec ces deux gars. Je ne saurai pas expliquer comment j'ai réussi ça (à passer deux barres au 3e essai). Mais jamais je ne me suis dit que j'avais gagné à 5,97 m. Surtout pas face à Sam. En saut à la perche tu n'es jamais sûr. J'étais juste heureux de rester dans le concours à ce moment là ». Au tableau des médailles, les Etats-Unis s'envolent avec 16 podiums dont 7 titres, loin devant la Chine (8 podiums dont 2 titres). Les athlètes de la bannière étoilée sont notamment intouchables sur le sprint messieurs: après Coleman sur 100 m samedi (Justin Gatlin en bronze), leur dernier prodige Noah Lyles a dominé comme attendu le 200 m (en 19 sec 83). Avec les relais à venir et d'autres cadors en réserve (Dalilah Muhammad sur 400 m haies, Ryan Crouser au poids…), leur marche en avant n'est pas prête de s'arrêter. Mardi, les Etats-Unis ont également profité de la victoire éclatante sur 800 m de Donavan Brazier –premier Américain à s'imposer sur la distance– en 1 min 42 sec 34, battant le record des Championnats pour devenir le 9e meilleur performeur de tous les temps. Cette performance a par contre immédiatement été entachée du soupçon: son entraîneur Alberto Salazar a été suspendu quatre ans mardi par l'Agence antidopage américaine (Usada) pour plusieurs infractions à la législation antidopage. Aucun athlète de l'Oregon Project, groupe de très haut niveau dans le nord-ouest des Etats-Unis financé par l'équipementier Nike, n'a toutefois été directement mis en cause par l'enquête de l'Usada.