Les craintes d'un effet domino en cas d'effondrement du géant chinois de l'immobilier Evergrande, qui doit faire face cette semaine à plusieurs échéances de remboursement de dette, prenaient de l'ampleur lundi faisant plonger la Bourse de Hong Kong. Evergrande, qui croule sous une dette de plus de 300 milliards de dollars, avait reconnu la semaine dernière faire face à une « pression énorme » et prévenu qu'il pourrait ne pas être en mesure de faire face à ses engagements financiers. Or il doit verser des intérêts sur certains de ses emprunts cette semaine, avec des échéances fixées à lundi et jeudi. Un créancier cité par le journal financier chinois Caixin Global lundi a estimé qu'il y avait « 99,99% » de chances qu'Evergrande ne soit pas en mesure de payer les intérêts dus au troisième trimestre. En cas de défaut de paiement, beaucoup s'inquiètent des répercussions sur les autres entreprises du secteur immobilier, les banques et les petits investisseurs. Le cours de l'action Evergrande a plongé de 17% lundi et près de 90% par rapport au début de l'année. Et il a entraîné dans son sillage lundi plusieurs des grands groupes immobiliers de Hong Kong, avec notamment des pertes de plus de 10% pour Henderson Land ou New World Development. Au final, l'indice Hang Seng de la Bourse de Hong Kong a clôturé sur une chute de 3,30%. Face à la crise que traverse le groupe, des manifestations, rares en Chine, ont rassemblé ces derniers jours devant les locaux d'Evergrande des investisseurs et des fournisseurs qui réclament leur argent. La colère s'est accentuée ce week-end avec l'annonce que six cadres supérieurs du groupe seraient soumis à des « sanctions sévères » pour avoir revendu des produits financiers avant que que les petits investisseurs eurent été informés qu'ils ne seraient peut-être pas payés à temps. Le groupe a indiqué qu'ils devraient rembourser l'argent ainsi récolté, insistant sur la nécessité de « garantir l'équité et l'impartialité » entre ses investisseurs. L'absence de commentaires de Pékin et le fait que lundi soit férié en Chine ne fait qu'ajouter à l'incertitude. Selon Philip Tse, de BOCOM International Holdgins, « il y aura de nouvelles baisses » des cours si les autorités ne donnent pas de signal clair sur leurs intentions envers Evergrande ou si elles ne desserrent pas le tour de vis réglementaire envers le secteur immobilier. L'année dernière, Pékin a pris des mesures sévères à l'encontre des promoteurs immobiliers afin de les obliger à réduire leur endettement. Il leur est désormais interdit de pré-vendre des biens immobiliers avant que la construction ne soit achevée, un système qui représente une partie importante du modèle économique d'Evergrande. Selon les experts, le groupe détient plus d'un million de biens immobiliers prépayés par des clients qui n'ont pas encore été construits, ce qui renforce l'appréhension des investisseurs chinois, dont beaucoup sont des primo-accédants. Faute de pouvoir emprunter sur les marchés financiers, et à court de liquidités, le groupe a essayé de rembourser certains de ces créanciers en nature, en proposant notamment des places de parking et des propriétés inachevées.