Afflux touristique, rebond épidémique Les files d'attente devant les musées et les bateaux bondés en partance pour les îles témoignent de la reprise du tourisme en Grèce, après la morne saison estivale de 2020. Mais la propagation de la souche Delta inquiète autorités et professionnels. Le nombre de visiteurs en juillet en Crète, qui sert de baromètre touristique, « a presque doublé par rapport à l'année dernière », se réjouit Michalis Vlatakis, président de l'union des opérateurs touristiques crétois. L'an dernier, la plus grande île de Grèce avait perdu 70% de ses touristes par rapport à 2019, avant le déclenchement de la pandémie de coronavirus. Moteur de l'économie grecque, l'industrie du tourisme, qui dépend traditionnellement des visiteurs du nord de l'Europe, a été frappée de plein fouet en 2020, comme l'Espagne ou l'Italie, par les confinements et la fermeture des frontières. Mais cette année, l'ouverture officielle de la saison touristique à la mi-mai, avec un mois d'avance sur 2020, a donné un coup de pouce au secteur. Et la Grèce semble avoir retrouvé ses marchés traditionnels: en août, les Allemands figurent en tête de réservations, suivis des Britanniques, des Italiens et des Français, selon les prévisions de l'Institut de l'Union des entreprises touristiques (Insete). Toutefois, cet optimisme est tempéré par la multiplication des cas de Covid-19, en particulier des infections au variant Delta, qui « va prédominer en Grèce, comme dans le monde entier », ont prévenu les autorités sanitaires. « L'élan positif pourrait à tout moment être suivi d'insécurité », a prévenu Yannis Retsos, président de l'Union des opérateurs du tourisme. « Pour la première fois depuis des années, on ne peut pas prévoir les recettes touristiques », a-t-il tweeté en juillet, estimant qu' »une seule chose est certaine: la pandémie requiert des conditions sûres de voyage ». La Crète figure d'ailleurs en rouge sur la carte épidémiologique de la Grèce. A l'instar d'autres destinations touristiques, comme Athènes et l'emblématique Mykonos, en mer Egée. Après deux mois d'affluence, la Crète a connu en juillet une forte progression des contaminations au coronavirus. Le nombre quotidien de cas est passé de quelques centaines en juin à plus de 1.500 ces dernières semaines. La sonnette d'alarme avait été tirée à la mi-juillet à Mykonos, l'île de la jet-set internationale, quand le nombre d'infections avait quadruplé en une semaine, dépassant les 300. La multiplication des fêtes clandestines avait été pointée du doigt par les autorités sanitaires qui avaient alors imposé, au grand dam des professionnels, un couvre-feu nocturne d'une semaine, accompagné d'autres restrictions et de peines d'amendes allant jusqu'à 200.000 euros en cas d'infraction. La plus festive des îles cycladiques a quasiment fait le plein à la mi-juillet, avec 90% de la fréquentation de 2019, « ce qui prouve qu'il y aura encore plus de touristes les prochaines semaines », a estimé Konstantinos Koukas, le maire de Mykonos, en appelant au « respect des protocoles sanitaires ». Pour l'heure, les autorités grecques ont renforcé les contrôles aux ports et aéroports, ont imposé le masque dans les espaces fermés et l'ont recommandé en plein air en cas de grosse fréquentation. Autre sujet d'inquiétude pour la fréquentation touristique en Grèce, la vague de chaleur qui frappe la Grèce depuis une semaine: « la pire canicule depuis 1987 », selon le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Elle s'accompagne de nombreux incendies, qui s'ils n'ont fait que des dégâts matériels, empoisonnent les vacances des touristes. Venu en Grèce avec un groupe d'amis, le Français Laurent Courrèges avait été contraint de passer la nuit samedi à l'aéroport d'Athènes, après avoir raté son avion retour. Coincé dans un immense bouchon à cause d'un incendie près de Patras, il avait mis plus de six heures pour regagner Athènes. En outre, tous les sites archéologiques de Grèce ont été fermés à partir de mardi aux heures les plus chaudes. Mais l'impact de la canicule sur le secteur touristique reste minime, s'accordent les experts, qui rappellent que chaleur et incendies sont récurrents en été en Grèce. D'ailleurs, le Suédois Peter Zralek ne se décourage pas devant les grilles closes de l'Acropole d'Athènes. « De toute façon, on vient en Grèce pour ça: la chaleur, le soleil et la convivialité », tempère-t-il.