A la veille de son arrivée en Irak A la veille d'un voyage historique en Irak, le pape François a adressé jeudi un message vibrant et très personnel aux Irakiens, évoquant leurs « années de guerre et de terrorisme » et appelant à « la réconciliation ». « Je désire tant vous rencontrer, voir vos visages, visiter votre terre, berceau antique et extraordinaire de la civilisation », a lancé dans un message vidéo le pape argentin, qui visitera les quatre coins de l'Irak pendant trois jours, à la rencontre tout particulièrement d'une communauté chrétienne fortement réduite par l'exil. La visite sera néanmoins tout aussi virtuelle pour une grande partie des Irakiens, qui devront se contenter de regarder cette star planétaire à la télévision, le pays étant placé en fin de semaine en confinement strict après une remontée des cas de coronavirus. En arrivant vendredi à Bagdad, c'est sans aucun doute dans une voiture blindée que le pape découvrira une capitale aux rues vides. « Je viens comme pèlerin, comme pèlerin pénitent pour implorer du Seigneur pardon et réconciliation après tant d'années de guerre et de terrorisme », a dit le pape, qui place son déplacement sous le signe de « la paix » et de « la fraternité ». « Vous êtes tous frères et soeurs », a insisté un souverain pontife, qui n'a de cesse de marteler ces mots, au point d'y avoir consacré récemment une longue encyclique intitulée « Fratelli tutti » (« Tous frères »). Le pape se rend d'ailleurs très symboliquement sur la Terre natale d'Abraham, personnage de l'ancien Testament, « qui réunit en une seule famille musulmans, juifs et chrétiens », rappelle-t-il, en exprimant son désir de prier avec les fidèles d'autres traditions religieuses. Cet appel à la fraternité a pris depuis un an une résonance particulière en plein désastre sanitaire et économique dû à la pandémie du coronavirus, qui doit déboucher sur un monde meilleur selon les voeux du pape. « En ces temps difficiles de pandémie, aidons-nous les uns les autres à renforcer la fraternité, à construire ensemble un avenir de paix », a ainsi souligné l'Argentin Jorge Bergoglio. « Vous avez encore dans vos yeux les images de maisons détruites et d'églises profanées, et dans vos coeurs les blessures des attachements brisés et des maisons abandonnées », a-t-il déploré à l'adresse spécifique des « trop nombreux martyrs » chrétiens d'Irak. « Je voudrais vous apporter la caresse affectueuse de toute l'Eglise, qui est proche de vous et du Moyen-Orient tourmenté et qui vous encourage à aller de l'avant. Ne permettons pas que les terribles souffrances que vous avez vécues, et qui m'affligent tant, l'emportent », a-t-il ajouté. Au début des années 2000, les chrétiens composaient une forte minorité de quelque 1,5 million d'Irakiens. Aujourd'hui, ils seraient entre 300.000 et 500.000 (1 à 2,5% de la population totale), selon une fourchette d'estimations de l'association française L'Oeuvre d'Orient. Depuis le début de son pontificat voici huit ans, François a souvent adressé des messages à la population irakienne, et à la Syrie voisine, qui vivent depuis des décennies au rythme de la guerre. En se rendant sur place, il applique ce qu'il demande au clergé catholique, sortir et aller au chevet de ceux qui souffrent aux « périphéries » de la planète. « J'ai beaucoup pensé à vous pendant ces années, à vous qui avez beaucoup souffert mais qui ne vous êtes pas laissés abattre. A vous, chrétiens, musulmans, à vous, peuples, comme les Yézidis, qui avez tant souffert », a confié le pape François, en appelant à « l'espoir qui nous encourage à reconstruire et à recommencer ». Le pape François est attendu vendredi à Bagdad et dimanche à Erbil (Kurdistan irakien), où il doit célébrer son unique messe dans un stade devant environ 10.000 fidèles chrétiens. Il se rendra pas à Mossoul, ex-bastion de l'Etat islamique. Pour la première fois de l'Histoire, un pape sera reçu aussi samedi dans la ville sainte de Najaf (sud) par le grand ayatollah Ali Sistani en personne. Cet homme frêle de 90 ans, plus haute autorité pour de nombreux chiites d'Irak et du monde, n'apparaît normalement jamais en public.