Mohamed Ba Mansour, Secrétaire général de la FNTT-Maroc Mohamed Ba Mansour, Secrétaire général de la Fédération national du transport touristique au Maroc (FNTT-Maroc) souligne que la gestion gouvernementale du secteur est synonyme d'un management par l'improvisation. Pour le chef de file de la FNTT, la gestion de la crise requiert la mise en place d'un dialogue responsable impliquant tous les acteurs sans exception. Autre point non moins important, celui des établissements de crédit qui ont fait preuve d'un manque de solidarité, en voulant signer les professionnels un document douteux pour bénéficier du moratoire de report des échéances de prêt... Al Bayane : comment se comporte aujourd'hui le secteur du transport touristique ? Mohamed Ba Mansour : En fait, tous les indicateurs sont au rouge. La crise pandémique que connait notre pays n'augure rien de bon pour la relance du secteur qui agonise. Selon les statistiques, les activités de 86% des entreprises sont à l'arrêt. Les 14 qui ont su, soi-disant, faire face aux effets pervers de la crise, opèrent dans d'autres secteurs d'activités comme le transport du personnel, ou la location de longue durée. Les autres sociétés, petites et moyennes, se trouvent dans l'obligation de subir leur destin, vu qu'elles ne disposent pas des moyens logistiques pour s'adapter à la réalité. En termes plus clairs, les véhicules dont disposent les petites et moyennes entreprises (catégorie TLS) ne peuvent pas être affectés à d'autres activités, vu le coût d'exploitation qui est élevé. Je dois souligner que les entreprises les plus impactées se sont celles qui se situent dans les régions touristiques, en l'occurrence la région de Marrakech ou encore le sud-oriental. Voulez-vous dire que les initiatives initiées par le département du tourisme n'ont pas abouti ? Oui certes. Notons que nous avons émis au début beaucoup d'espoir suite aux multiples campagnes de promotion du tourisme interne, mais en vain. Cela s'explique par le manque de coordination entre les départements du gouvernement, notamment le ministère du tourisme et celui de l'intérieur. On a l'impression qu'on est devant deux approches totalement aux antipodes l'un de l'autre. Rien que pour la semaine dernière, deux autocars touristiques ont été bloqués au niveau d'Oudaya Marrakech, qui ont été en destination des cascades d'Ozoud, en dépit qu'ils disposent d'autorisation. Cela étant, la gestion gouvernementale est synonyme d'un management par l'improvisation. Les mesures prises par le gouvernement n'ont-elles pas alors suffi pour parer aux effets de la crise ? Il s'agit, en fait, de mesures limitées. Il est à souligner que plusieurs entreprises n'ont pas pu s'inscrire à temps dans le portail de la CNSS pour bénéficier du soutien financier pour des raisons techniques. La FNTT-Maroc n'a pas manqué d'adresser plusieurs correspondances aux multiples départements ministériels. Cependant, tous nos appels sont restés sans réponses. Autrement dit, le gouvernement fait preuve d'incommunication faute d'infection avec les professionnels du secteur. Je dois mettre l'accent sur le fait que presque toutes les formations parlementaires ont défendu notre cause, mais le gouvernement n'a pas apporté les éléments de réponses nécessaires à nos revendications. Qu'en est-il des mesures prises au niveau bancaire ? Evidemment, le Comité de veille économique (CVE) a mis en place un moratoire sur les crédits jusqu'au 31 mars. Or, force est de constater que la réalité est tout autre. D'ailleurs, on a cassé les oreilles avec cette mesure de moratoire. Les pratiques des établissements de crédit sont tout sauf solidaires. Ils veulent nous faire signer des documents douteux pour bénéficier d'une telle mesure. Je rappelle dans ce sens que le Discours de SM le Roi prononcé au mois de juillet dernier a appelé à préserver l'élan de solidarité. Selon vous, quelles sont les pistes de sortie ? Primo, il faut que la banque centrale intervienne auprès des établissements de crédit afin qu'ils se conforment aux consignes des mesures prises par le CVE. Secundo, le pouvoir exécutif est appelé à mettre en place une démarche participative, impliquant tous les acteurs dans le processus décisionnels au lieu de sombrer dans l'inactivité. Nous revendiquons, également, la suspension du paiement de la vignette et la taxe à l'essieu, ou encore bénéficier d'un taux de crédit incitatif de 2% pour une période de 5 ans avec un délai de grâce d'un an, entre autres. Comment se fait-il que le secteur se trouve en plein marasme, alors qu'on exige aux entreprises opérant dans le secteur à payer des taxes. Cela ne fait qu'étouffer les entreprises voire les condamner à la faillite.