Bien qu'étant à la tête de la Guinée depuis 2010, le président Alpha Condé, 82 ans, a voulu postuler pour un troisième mandat. Mais, sachant qu'une telle démarche va à l'encontre des dispositions dûment arrêtées par la Constitution, le chef de l'Etat s'est mis en tête l'idée de proposer à ses compatriotes une réforme constitutionnelle qui lui permettrait d'être candidat à sa propre succession. Cette initiative n'ayant point été du goût des guinéens, après la trêve forcée inhérente à la crise sanitaire du Covid-19 et l'appel lancé par le Front National de Défense de la Constitution (FNDC) contre toute «confiscation du pouvoir», ceux-ci continuèrent à réclamer, à grand renfort de manifestations, la révision du fichier électoral et le retrait du président en exercice de la course à l'investiture suprême. Or, en faisant fi des revendications populaires, le président a fait un pas important en direction de la «patrimonialisation du pouvoir» en organisant le référendum constitutionnel en mars dernier; ce qui donna lieu à des mois de manifestations et de violences qui se soldèrent par la mort de dizaines de personnes, civiles dans leur grande majorité. S'étant donc fait tailler une «constitution sur mesure» après être parvenu à mettre au pas toutes les institutions, y compris les forces armées, le vieux professeur qui n'entend point abandonner le fauteuil présidentiel et qui s'est arrogé – de manière constitutionnelle – le droit de briguer ce nouveau mandat auquel il tient tant en invoquant le fait que cette réforme constitutionnelle qui va lui permettre de «remettre les compteurs à zéro» ne le comptabiliserait qu'en tant que premier mandat même s'il dirige le pays depuis 2010, a déposé sa candidature pour l'élection présidentielle du 18 Octobre dernier. C'est à ce titre, d'ailleurs, que le 24 Octobre dernier, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) chargée de la gestion des élections de Guinée avait annoncé, lors d'une réunion qui s'était tenue au Palais du Peuple – siège de l'Assemblée Nationale – à Conakry, qu'à l'issue du scrutin du 18 Octobre auquel ont concouru 12 candidats, le président sortant, Alpha Condé, candidat du Rassemblement du Peuple de Guinée – Arc-En-Ciel, (RPG), a recueilli 59,49% des suffrages exprimés; ce qui lui permet, désormais, d'effectuer un nouveau mandat présidentiel. Mais, l'opposition qui ne l'entend pas de cette oreille a déposé plusieurs recours auprès de la Cour Constitutionnelle de Guinée si bien que ce samedi 7 novembre, cette dernière, qui a jugé «mal fondées» lesdites requêtes, a validé, de manière définitive, les résultats proclamés le 24 Octobre dernier par la CENI, déclaré «régulier» le scrutin du 18 octobre, affirmé qu'Alpha Condé a dépassé la majorité absolue en recueillant 2.438.815 voix et, reconnu, en conséquence, «qu'Alpha Condé est élu, au premier tour de l'élection présidentielle du 18 Octobre, président de la République de Guinée». La confirmation ainsi faite par la plus haute instance judiciaire du pays va-t-elle mettre un terme à la contestation populaire qui ébranle la Guinée depuis plusieurs mois ? Attendons pour voir...