Le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), parti au pouvoir, a annoncé que le chef de l'Etat avait accepté d'être son candidat pour la présidentielle du 18 octobre. La confirmation de la candidature d'Alpha Condé à un troisième mandat laisse craindre de nouvelles mobilisations populaires à haut risque en Guinée. L'opposition, réunie au sein du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), a en effet annoncé, mardi 1er septembre, «la reprise des manifestations suivant les dates et les modalités pratiques qui seront annoncées dans un court délai». Depuis octobre 2019, des dizaines de manifestants ont été tués par les forces de l'ordre dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, coutumier des répressions brutales Le parti d'Alpha Condé, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG), a annoncé lundi dans un communiqué lu à la télévision nationale que le chef de l'Etat de 82 ans, élu en 2010 et réélu en 2015, avait accepté d'être son candidat pour la présidentielle du 18 octobre. Le parti au pouvoir l'avait « sollicité » début août lors d'un congrès acquis à sa cause. Sans rival au RPG, il avait «pris acte» sans formellement accepter, tout en demandant à sa formation et à ses alliés de s'engager sur un programme centré sur les femmes, les jeunes et les plus démunis. C'est chose faite un mois plus tard : les partis de la majorité lui ont soumis une «proposition de pacte» appuyant son programme. Le président Condé a «accédé» à la demande de son parti et il «sera bien notre candidat à l'élection présidentielle», a indiqué le RPG. Un troisième mandat «illégitime» Le FNDC, collectif de partis, de syndicats et de membres de la société civile, a dénoncé en termes très virulents cette candidature à un troisième mandat jugé «illégitime». Dans un communiqué, il décrit la présidence Condé comme une «dictature féroce» et fustige la manière «poltronne» dont la candidature a été annoncée. Le FNDC indique que la contestation qu'il a menée pendant des mois va entrer dans une «phase décisive». «Il est désormais évident pour les plus sceptiques que M. Alpha Condé, qui revendique des décennies de lutte pour la démocratie en Guinée, n'est autre que la plus grande désillusion de l'histoire politique de notre pays», affirme le FNDC. Lors de l'année écoulée, le collectif a fait descendre massivement, à plusieurs reprises, les Guinéens dans les rues pour tenter, en vain, de faire barrage à la réforme constitutionnelle qui a ouvert la voix à un troisième mandat du président Condé. Le pouvoir a effectivement fait adopter une nouvelle Constitution, en mars, à l'issue d'un référendum boycotté par l'opposition. Le nouveau texte limite à deux le nombre de mandats présidentiels, mais les partisans de M. Condé soutiennent que cette adoption remet les compteurs des mandats à zéro. Quelque 200 morts Ancien opposant aux régimes autoritaires de Sékou Touré (1958-1984) et de Lansana Conté (1984-2008), Alpha Condé est devenu en 2010 le premier président démocratiquement élu dans cette ancienne colonie française, où plus de la moitié de la population vit dans la pauvreté malgré la richesse de son sous-sol. Ses opposants l'accusent de dérive autoritaire. Les défenseurs des droits humains dénoncent la dégradation observée au fil des années et les violences des forces de l'ordre lors des manifestations, qui ont fait quelque 200 morts depuis son arrivée au pouvoir selon l'opposition. Un collectif d'opposants guinéens a par ailleurs récemment déposé plainte en France contre Alpha Condé et plusieurs de ses proches pour corruption, trafic d'influence et blanchiment de corruption.