Ancien opposant historique aux gouvernements totalitaires qui s'étaient succédé à la tête de la Guinée depuis que, le 2 Octobre 1958, cette ancienne colonie française de l'Afrique de l'Ouest avait arraché son indépendance, Alpha Condé, 81 ans, l'actuel chef de l'Etat, avait été démocratiquement élu en 2010 puis réélu en 2015. Mais même si, à ce jour, ce dernier n'a toujours pas pris «officiellement» la décision – contraire à la Constitution – de briguer un troisième mandat en 2020, le fait même qu'il ait chargé, en septembre dernier, son premier ministre Kassory Fofana de conduire des consultations en vue d'une éventuelle révision de la Constitution et appelé les guinéens à se «préparer» à un référendum et à des élections législatives avait été interprété, aussi bien par la classe politique du pays que par ses concitoyens, comme étant une première étape vers le dépôt de sa candidature pour un troisième mandat présidentiel. C'est dans ce cadre, d'ailleurs, que le 7 octobre dernier, dans une déclaration publiée à l'issue d'une réunion extraordinaire de ses membres, le Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), regroupant des partis d'opposition, des syndicats et des personnalités de la société civile, après s'être «réjoui de n'avoir pas pris part à la mascarade déguisée sous le label de consultations mais qui n'était qu'une nouvelle manoeuvre dilatoire destinée à servir d'alibi pour légitimer le processus de coup d'état constitutionnel annoncé «publiquement le 23 septembre dernier» par le pouvoir, a lancé «un appel à la mobilisation de tous les guinéens» à partir du 14 octobre pour contrer, à travers des «manifestations républicaines» aussi bien en Guinée qu'à l'étranger, les velléités du président Alpha Condé d'être candidat à sa propre succession pour un troisième mandat en Octobre 2020. Aussi, pour faire barrage au souhait du président de modifier la Constitution et s'opposer énergiquement à un troisième mandat présidentiel d'Alpha Condé, les guinéens ont répondu comme un seul homme à l'appel lancé par le FNDC en manifestant en masse depuis le 14 Octobre dernier. Ainsi, ce mardi 10 décembre, ce sont près d'un million de guinéens qui sont descendus dans les rues de la capitale Conakry et des grandes villes du pays pour braver les forces de l'ordre alors même que, depuis leur lancement, ces manifestations se seraient soldées par la mort d'une vingtaine de civils et d'un gendarme et par l'arrestation de plusieurs dizaines de protestataires. Faudrait-il encore plus de sang, plus de morts et plus de blessés parmi la population civile pour qu'en réponse à la clameur de la rue guinéenne et aux sollicitations des différentes chancelleries des pays amis ou pas, Alpha Condé accepte le principe de la tenue d'élections présidentielles auxquelles il ne participerait pas ? Attendons pour voir…