Le deuxième et dernier mandat du Président guinéen Alpha Condé devant s'achever en Octobre 2020, ce dernier avait chargé, en septembre dernier, son premier ministre Kassory Fofana de conduire des consultations en vue d'une éventuelle révision de la Constitution et appelé les Guinéens à se «préparer» à un référendum et à des élections législatives. Mal lui en prit car, comme il est clair que la manœuvre du chef de l'Etat ne vise qu'à lui permettre de briguer un troisième mandat, les principaux partis d'opposition ont décidé à l'unanimité, de boycotter ces négociations. C'est dans ce cadre, d'ailleurs, que lundi 7 octobre, dans une déclaration publiée à l'issue d'une réunion extraordinaire de ses membres, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), regroupant des partis d'opposition, des syndicats et des personnalités de la société civile, après s'être «réjoui de n'avoir pas pris part à la mascarade déguisée sous le label de consultations mais qui n'était qu'une nouvelle manœuvre dilatoire destinée à servir d'alibi pour légitimer le processus de coup d'état constitutionnel annoncé «publiquement le 23 septembre dernier» par le pouvoir, a lancé «un appel à la mobilisation de tous les Guinéens» à partir du 14 octobre pour contrer, à travers des « manifestations républicaines» aussi bien en Guinée qu'à l'étranger, les velléités du président Alpha Condé d'être candidat à sa propre succession pour un troisième mandat en Octobre 2020. Aussi, en mettant en garde contre de nouvelles violences alors qu'une centaine de manifestants auraient déjà été tués par les forces de l'ordre depuis l'investiture d'Alpha Condé en décembre 2010, le FNDC exhorte les compagnies minières, les banques, les stations-services et toutes les entreprises publiques et privées à «suspendre toute activité durant les manifestations en vue d'éviter tout incident dommageable». Cette recommandation a été vivement appuyée par Corinne Dufka, la directrice de Human Rights Watch pour l'Afrique de l'Ouest, qui, en signalant que «dans un contexte de débat politique acharné en Guinée, il est plus important que jamais de protéger le droit de manifester pacifiquement», a tenu à rappeler que, depuis une année, les autorités guinéennes auraient interdit «de fait» des manifestations à l'aide de « gaz lacrymogènes» et arrêté «des dizaines» de contestataires. A noter, enfin, que même les femmes du FNDC, soucieuses de protéger la constitution et de préserver la démocratie, se sont mobilisées, ce lundi, pour contrecarrer une éventuelle troisième présidence d'Alpha Condé. Conduites par Hadja Maïmouna Diallo et fermement décidées à empêcher tout «tripatouillage de la constitution par le régime» en place, ces dernières ont rencontré l'ambassadeur des Etats-Unis à Conakry d'abord, pour «remercier» l'administration américaine pour son opposition à toute modification de la constitution guinéenne, puis pour l'exhorter à faire encore plus pour préserver la Guinée du chaos. En réponse, le diplomate américain a rassuré la délégation féminine du FNDC et promis que Washington allait poursuivre ses démarches diplomatiques visant à empêcher toute altération de la démocratie en Guinée. Alpha Condé finira-t-il par se rétracter et par accepter de se dessaisir du pouvoir à l'issue de son deuxième mandat conformément aux dispositions dûment arrêtées par la Constitution guinéenne sans chercher à fomenter un quelconque coup d'Etat constitutionnel qui risquerait de plonger le pays dans la terreur et le chaos ? Attendons, pour voir…