«Guinée is back», s'exclamait, il y a un an, le président guinéen fraîchement élu. Le professeur Alpha Condé était, en effet, résolu à rendre à la Guinée Conakry la place qui lui est due dans le concert des nations africaines. Celle-ci est résolument aux côtés du Maroc, à en qui recevaient la délégation de la 5e caravane de l'Export. En ce 13 décembre, c'était d'abord au premier ministre, Mohamed Saïd Fofana, de souhaiter la bienvenue à la délégation. Pour le ministre de l'élevage, le général Mamadou Korka Diallo, «c'est (surtout) une chance de relancer la coopération guinéo-marocaine». En fait, les deux pays peuvent se targuer de la convention guinéo-marocaine signée en 1979, et actualisée en 2004. D'ailleurs le Maroc est le seul pays avec lequel la Guinée a signé un accord spécifique. C'est dire le statut privilégié qui est réservé au royaume au pays de Sékou Touré. Aussi, après une période de trouble politiques, la Guinée a retrouvé la stabilité, consacrée par l'élection d'Alpha Condé en décembre 2010. Depuis, ce pays pauvre, mais au potentiel économique considérable, retrouve le chemin de la croissance. Elle devrait se fixer à 4,6% en 2011, après avoir été de 1,6% en 2010 et surtout négative en 2009. Toutefois, pour aller de l'avant, le pays a besoin de tout et dans tous les secteurs. Une opportunité à saisir pour les femmes et hommes d'affaires formant la délégation marocaine. «Les portes vous sont largement ouvertes», leur a affirmé Fofana, avant de se faire rassurant : «Nous avons mis en place des réformes politiques et économiques, notamment sur les questions juridiques et l'environnement des affaires», puis séducteur : «Notre pays est une vraie niche d'investissement. Nous nous apprêtons à lancer de grands investissements». La Guinée veut être accompagnée par le Maroc. Reçu cinq sur cinq par le chef de la délégation marocaine, Saâd Benabdellah, qui avance à destination des officiels locaux : «Cette journée marque le début d'un nouveau chapitre dans les relations Maroc-Guinée» avant de signifier : «On doit tout faire pour hisser la part des échanges intra-Afrique». Il plaide la coopération Sud-Sud et l'excellence des relations entre les deux pays pour cadrer ce nouvel élan. Du côté des opérateurs, nulle euphorie n'est perceptible, mais plutôt une conscience aiguisée du potentiel local. Certains ont même précédé la caravane pour signer des marchés. C'est le cas de Paylogic qui vient concrétiser un marché décroché il y a trois mois déjà. Celui-ci porte sur l'installation d'un centre monétique interbancaire local. Des marchés, il y en aurait beaucoup dans ce pays encore en friche et la priorité serait donnée aux Marocains, à en croire les officiels du pays. Réception présidentielle Au terme des rencontres B2B et B2G qui ont marqué cette journée guinéenne, la délégation marocaine a eu les honneurs d'une réception au palais présidentiel. Le professeur Alpha Condé l'a ponctuée par une allocution qui a rappelé les relations historiques entre les deux pays. Des relations qui ont amené, comme le rappelle le président, Sékou Touré, premier chef d'Etat guinéen à prendre son bâton de pèlerin pour défendre la cause marocaine sur le dossier du Sahara. Aujourd'hui, c'est Alpha Condé qui plaide pour le retour du Maroc dans le giron de l'OUA, organisation dont il est l'un des fondateurs. Il entend aussi mener une délégation d'hommes d'affaires dans le royaume pour concrétiser la coopération maroco-guinéenne et lui donner un nouveau souffle.