Comme il fallait s'y attendre depuis que le président guinéen Alpha Condé avait fait un important pas en direction de la «patrimonialisation du pouvoir» en appelant à la modification de la Constitution pour pouvoir briguer un troisième mandat, après la trêve forcée de trois mois inhérente à la crise sanitaire du Covid-19, la rue guinéenne qui réclame la révision du fichier électoral et le retrait du président en exercice, semble avoir «repris du service» ce lundi 20 juillet 2020 après l'appel lancé par le Front National de Défense de la Constitution (FNDC) contre toute «confiscation du pouvoir». Les forces de l'ordre ayant fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser les manifestants et les deux camps paraissant déterminés «à aller jusqu'au bout», le pays semble être sur le point de renouer avec les violences qu'il a connues dans le passé puisque l'opposition cherche, par tous les moyens, à l'écarter du pouvoir. Pour rappel, malgré la très forte opposition des guinéens au référendum constitutionnel que leur avait proposé le chef de l'Etat, celui-ci avait bien eu lieu, «contre vents et marées» en mars dernier; ce qui permet, désormais, au président Alpha Condé de se porter candidat pour diriger le pays pour un nouveau mandat de six années alors même qu'il préside, déjà, à ses destinées depuis 2010. Accusant le Président d'être responsable de la création de plusieurs charniers, l'ancien Premier ministre, Cellou Dalein, avait appelé les guinéens à se mobiliser pour exiger le départ d'Alpha Condé qui «a violé son serment» dans la mesure où «il avait juré, par deux fois, de respecter et de faire respecter la Constitution sur la base de laquelle il a été élu (et qui) avait lui-même demandé, qu'en cas de parjure, il subisse la rigueur de la Loi». S'étant fait tailler une «constitution sur mesure» après être parvenu à mettre au pas toutes les institutions, y compris les forces armées, le vieux professeur qui n'entend point abandonner le fauteuil présidentiel risque, tout de même, aux yeux de nombreux observateurs, d'être victime de son obstination car en fonçant tête baissée vers l'inconnu en étant persuadé d'être encore indispensable au pays après deux mandats présidentiels, il fait preuve d'un profond mépris envers ses compatriotes ; ce qui risque de lui nuire et de le faire «sortir par la petite porte». Interrogé par la radio «Djigui FM», Mohamed Cissé, le président du Parti Démocrate Conservateur (PDC) conteste les manifestations auxquelles à appelé le Front National de Défense de la Constitution (FNDC) dès lors qu'elles n'ont pas permis d'empêcher la tenue d'une élection voulue par le président. Aussi, ce dernier somme-t-il tous les protagonistes à se retrouver autour d'une table pour «que le débat soit sincère» car ce ne sont pas les manifestations de rue qui ont porté Alpha Condé au pouvoir. De l'avis du président du PDC si Alpha Condé a été porté au pouvoir par des élections, il doit en être délogé par le biais des élections. Le sera-t-il ? Attendons pour voir...