L'un des doyens du PPS à Casablanca s'en va Le Parti du progrès et du socialisme est en deuil, en ces temps de pandémie. Il vient de perdre l'un de ses militants et doyens des plus dévoués et engagés à Casablanca. Si Brahim Ouahmane s'est éteint, mercredi soir, à l'âge de 83 ans, à la suite d'une longue maladie. Le défunt avait adhéré au Parti communiste marocain à la fin des années 50 du siècle dernier. A un moment où cet engagement militant, dans un parti patriotique et révolutionnaire, était porteur de tous les risques privatifs de la vie et de la liberté. Il a connu et vécu l'époque la plus triste du Maroc indépendant. Il a connu, également, et vécu la joie de voir son Parti avancer, grâce à l'engagement et à la persévérance de ses militants et dirigeants. Si Brahim a amplement apporté, du moins pour le Grand Casablanca, sa pierre à l'édifice. C'est grâce à Si Brahim – et à d'autres de sa trempe -qui a toujours habité l'Ancienne Médina de Casablanca, que le Parti s'est enraciné au sein de la population du quartier Bab Jdid, pour se développer dans les autres quartiers populaires avoisinants. Le défunt a été témoin de tous les combats et de toutes les luttes politiques et électorales du Maroc d'hier et d'aujourd'hui. Il a été de toutes ces luttes pour la démocratie, la liberté et le droit à l'expression. Il ne manquait pas, durant les années soixante comme les suivantes, de battre le pavé pour exprimer la solidarité du Parti et du mouvement national avec le peuple algérien, pour son indépendance, et pour la fin du colonialisme en Afrique, comme, ce fut aussi avec l'appui à la cause palestinienne et arabe. Si Brahim avait une caractéristique. Il ne s'est jamais empressé pour prendre tel ou tel poste de la direction locale, régionale ou nationale. C'était l'homme à tout faire et sur lequel le Parti comptait sans se soucier. Avec d'autres camarades, notamment Haj Mohamed Benbella, Abdallah Gharbi, Me Mohamed Anik, Abdelouhad Souhail, Abbas Dahir, Ahmed Zaki, Abdelkader Jamali... et d'autres (la liste est longue), il a réussi, grâce à son militantisme et à son abnégation sans limites, à faire de l'ancienne Médina de Casablanca un fief militant du PCM. C'est ce qui fera d'Ali Yata le premier communiste à briguer un mandat législatif à la circonscription de Sidi Bousmara, en tant que candidat du mouvement national appuyé, à l'époque par l'Union nationale des forces populaires, dans une conjoncture connue par les premières falsifications des urnes... Un homme digne et désintéressé Dans ce combat, comme lors de tous ceux qui suivirent, Si Brahim Ouahmane se distingua comme le militant malléable et corvéable à merci, par les causes de son pays, de son peuple et de son parti, en homme de terrain toujours présent, humble, serviable et populaire. Je l'ai connu, sur le tard, quand le PPS avait obtenu son droit à l'action politique légale. Il a laissé, en moi, le souvenir et le sentiment d'un homme trop sincère, humble, digne et travailleur. De mémoire de militant, il ne s'est jamais plein de la charge de travail militant, pourtant trop lourde et difficilement conciliable avec les obligations professionnelles et familiales. Ce fut un grand militant qui n'a jamais cherché la mondanité, les strapontins ou la «promotion». Il aurait pu mener, loin de son parti, une vie «politique» meilleure. Mais Si Brahim n'était pas le genre ni le profil «récupérable» à l'époque. Il n'a jamais été secrétaire de sa section -et pourtant considéré comme son principal animateur- se contentant seulement de figurer au sein du bureau dirigeant où « il faisait beaucoup plus de travail militant que n'importe quel secrétaire de section », comme le souligne un ancien militant et dirigeant de la section du grand Casablanca du PPS. Lors du premier Congrès national du PPS, le défunt avait été élu comme membre suppléant au Comité central, instance qu'il intègrera le congrès suivant en tant que membre du Comité central. En 1997, après le décès de Ali Yata, resté député de la circonscription pendant 20 années, nous avons pu, en accompagnant Nabil Benabdallah, alors candidat à la députation dans la même circonscription, de la grande popularité dont le défunt jouissait parmi la population locale. En 2011, lors du Congrès régional de Casablanca, un vibrant hommage a été rendu au défunt, de son vivant, comme à ceux qui l'avaient accompagné, à la tête du Bureau régional de la grande métropole, à l'instar d'Abdelmajid Douieb, Haj Benbella, Mahjoub Kouari, Mohamed Bennis, Abdallah Gharbi... D'autres noms reviennent pour rendre hommage à leurs mémoires : Fkih Oubella Kouakji, Serbouti et tant d'autres camarades qui ont tout donné, de leurs temps, de leurs vies... La perte d'un fidèle et dévoué La direction nationale du Parti du progrès du socialisme a salué la mémoire de ce grand militant disparu. L'annonce de son décès est l'occasion pour se remémorer son travail inlassable, lors des «nombreuses batailles du parti, en particulier dans l'ancienne Médina de Casablanca», où le parti a connu un grand développement et une grande popularité qui ont fait de cette région un fief distingué du Parti. Le PPS rappelle notamment le grand apport de Si Brahim à l'élection de feu Ali Yata en tant que député de l'Ancienne Médina, permettant au PPS de remporter, en 1977, «son premier siège parlementaire». Le communiqué salue en lui «le modèle du militant inébranlable, loyal et fidèle aux principes et des valeurs du parti, resté, tout au long de son parcours militant, prêt à se sacrifier pour défendre les causes de la patrie et du peuple. Il a contribué à la formation de générations successives de militantes et de militants grâce à son expérience, sa sagesse et son enracinement continu avec les masses populaires». En cette douloureuse circonstance, nous présentons nos sincères condoléances à toute la famille du regretté défunt, notamment à son épouse Lalla Khddouj Bent Regragui, à ses enfants Khalid Adil, Bouchra, Maria et Hanane, ainsi qu'à ses petits enfants, à ses camarades, amis et proches. Qu'il repose en paix.