«L'ordre juridique spécial que nous avons établi en Hongrie a permis au gouvernement et à son chef de prendre rapidement des décisions graves et difficiles en raison de l'épidémie(…). Cet ordre juridique spécial que nous avons établi… a permis au gouvernement et à son chef de prendre rapidement des décisions graves et difficiles en raison de l'épidémie (…) Tout le monde aura bientôt la possibilité de présenter des excuses à la Hongrie pour les accusations infondées adressées à son encontre». C'est en ces termes que, lors d'une conférence de presse donnée conjointement avec le président serbe Aleksandar Vucic, le Premier ministre hongrois Viktor Orban, souverainiste, en déplacement en Serbie, a annoncé qu'il sera mis fin à la législation d'urgence qui lui avait accordé le pouvoir de gouverner par décret pendant la pandémie. Pour rappel, lors de son adoption le 30 mars dernier, cette disposition controversée mise en place à l'effet de lutter contre le nouveau coronavirus et accordant au Premier ministre le pouvoir de gouverner par décret jusqu'à la fin de la pandémie, avait suscité bien des remous tant à l'intérieur de la Hongrie qu'au sein de l'Union européenne et bien des critiques à l'endroit d'un Premier ministre accusé de profiter de la crise pour affaiblir davantage une démocratie bien mise à mal depuis son arrivée au pouvoir il y a dix ans et très régulièrement épinglé, depuis lors, par diverses organisations de défense des droits de l'Homme. Budapest qui a toujours vigoureusement rejeté ces critiques a tenu à rappeler que l'état d'urgence serait levé dès la fin de la pandémie. Or, d'une part, pas plus tard que la semaine dernière, Freedom House, une ONG américaine, a retiré la Hongrie de la liste des Etats «démocratiques» et classée comme «régime hybride» alors que, d'autre part, des hongrois ont été interpellés par la police, en vertu d'une nouvelle infraction instaurée fin mars, pour avoir critiqué, sur les réseaux sociaux, la gestion de la pandémie par les pouvoirs publics. Andras, un hongrois de 64 ans en a fait les frais lorsqu'il s'est permis, sur son compte Facebook, de critiquer la politique menée par le Premier ministre pendant cette pandémie et de le traiter de dictateur. Après quelques heures de garde-à-vue au commissariat, l'intéressé a échappé, de justesse, à la peine de cinq années d'emprisonnement qui menace, désormais, «tout propagateur de ‘fake-news' portant sur l'épidémie ou sur les mesures prises par le gouvernement». Le maire de la ville de Mohacs, affilié à un parti d'opposition, a, quant à lui, eu beaucoup moins de chances puisqu'il est officiellement poursuivi pour «menaces à l'ordre public» après avoir annoncé, au tout début de la pandémie, que, dans sa commune, près d'une centaine de personnes auraient probablement été contaminées au cours d'une cérémonie de mariage. Jeudi, la Commission européenne a souhaité que la Hongrie accusée, depuis Septembre 2018, d'avoir violé les valeurs fondatrices de l'UE «revienne dans le club des pays incontestablement démocratiques». Enfin, si rien n'indique, pour l'heure, qu'à l'issue de cette pandémie Viktor Orban va modifier quoique ce soit dans sa façon populiste de gérer le pays, attendons pour voir…