L'histoire du monde moderne a montré qu'aucun chef d'Etat tombé dans la ligne de mire de la Maison Blanche n'a pu continuer à exercer ses fonctions sauf, bien entendu, quand celui-ci bénéficie du soutien du Kremlin ; un soutien qui n'est pas toujours automatique dès lors qu'il doit répondre aux exigences fixées par Moscou. Mais même quand l'appui russe n'est pas ouvertement déclaré, force est de reconnaître, toutefois, qu'il fait très souvent office de contrepoids ; ce qui, en soi, n'est pas négligeable. Le président vénézuélien Nicolas Maduro en sait quelque chose lui qui, depuis qu'il a succédé, légitimement, au «castriste» Hugo Chavez, pour diriger un pays exportateur de pétrole, essuie les incessantes foudres de Washington. Ainsi, pour une administration qui, pour envahir un pays «ennemi» a coutume de brandir des prétextes aussi inexistants qu'infondés – comme ce fut le cas pour les armes de destruction massive que Saddam Hussein ne détenait pas – la réélection de Nicolas Maduro en Mai 2018 fut une aubaine et l'occasion idéale. Ayant donc été déclarée «entachée de fraudes » du seul fait du bon vouloir de Washington, cette élection fut immédiatement frappée de nullité absolue et Nicolas Maduro sommé de plier bagage pour laisser sa place au jeune président de l'assemblée nationale Juan Guaido. Or, croire que Maduro allait courber l'échine fut une grossière erreur de jugement de la part d'une administration américaine contrainte de sortir sa grosse artillerie ; une option qui n'est pas facile à mettre en œuvre quand l'ours russe, tapi dans son coin, ne dort que d'un oeil. Aussi ne reste-t-il à Washington qu'à reprendre son option initiale de «déstabilisation interne» voire même d'un éventuel assassinat du président Maduro en envoyant, cette fois-ci, deux américains guider les opérations et prêter main-forte au leader de l'opposition. Mal lui en prit car les envoyés de la Maison Blanche furent immédiatement arrêtés pour leur tentative ratée de l'«invasion» du Venezuela par la mer et Juan Guaido accusé, par le parquet vénézuélien, d'avoir recruté des «mercenaires» pour fomenter une tentative d'«invasion» maritime du pays. Présentés sur la chaine de télévision publique VTV par un Nicolas Maduro sûr de lui et brandissant leurs passeports, les deux américains, Luke Denman, 34 ans, et Airan Berry, 41 ans, qui étaient à la tête d'un commando de 15 personnes sont « membres de la sécurité » du président Donald Trump. Pour prouver, en outre, l'implication avérée de Juan Guaido dans l'opération d'invasion avortée, le procureur général du Venezuela Tarek William Saab a dévoilé, à la presse, les copies de divers contrats d'un montant global de 212 millions de dollars – provenant des comptes de l'entreprise d'Etat «Petroleos de Venezuela S.A.» (PDVSA) bloqués à l'étranger du fait des «sanctions américaines» – signés conjointement par Juan Guaido et par Jordan Goudreau, cet ancien militaire américain qui dirige la société de sécurité «Silvercorp USA», et qui affirme, dans une vidéo divulguée aux médias par le procureur général du Venezuela, qu'une «opération contre Maduro serait en cours». Juan Guaido ayant rejeté toute implication dans l'opération d'invasion avortée et, par voie de conséquence, toutes les accusations y afférentes et le parquet n'ayant émis, pour l'heure, aucun mandat d'arrêt à l'encontre du leader de l'opposition vénézuélienne, quelles seront alors les suites de ce putsch raté ? Attendons pour voir…