«Vous ne trouverez aucun refuge sûr, aucune sortie facile et aucune issue. Vous perdrez tout!». C'est en ces termes que, ce lundi, Donald Trump, le président des Etats-Unis d'Amérique, accompagné de son épouse, s'est adressé, dans un discours enflammé prononcé à Miami devant la communauté vénézuélienne de Floride, aux militaires de l'armée de Caracas qui soutiennent encore leur chef d'Etat Nicolas Maduro et ne se sont toujours pas rallié à Juan Guaido, le président autoproclamé. De tels propos auraient pu être compris et s'insérer dans un cadre «logique» si les deux pays concernés; à savoir, la plus grande puissance mondiale, d'un côté, et un pays d'Amérique latine, de l'autre, étaient en guerre. Or, il n'en est rien puisque les armées de l'un et de l'autre sont dans leurs casernes. Mais qu'en est-il alors de la souveraineté des Etats ? Un simple slogan creux quand l'équilibre des forces fait défaut? Incontestablement… car qu'on veuille bien l'admettre ou pas, quand le chef d'un Etat oblige celui d'un autre Etat à quitter le pouvoir – sous peine d'invasion militaire – nous nous trouvons en présence d'une flagrante ingérence dans les affaires internes d'un Etat souverain. Qualifiant le président vénézuélien de «marionnette cubaine» que Washington ne veut plus voir au pouvoir, le président américain, livrant une «diatribe enflammée» contre le socialisme et estimant que «les jours du communisme étaient comptés au Venezuela mais aussi au Nicaragua et à Cuba» a rappelé, dans son discours, sa préférence pour «une transition pacifique», non sans omettre de signaler, toutefois, que «toutes les options» étaient sur la table; la carotte et le bâton, bien sûr. Le président américain somme donc Maduro de quitter le pouvoir «de gré ou de force». Se drapant du costume du bienfaiteur, Donald Trump entend ainsi faire croire qu'il va voler au secours d'une population vivant dans un pays secoué par une profonde crise économique afin de mettre fin à ses souffrances. L'image est très belle et l'Oncle Sam en sortirait grandi. Mais la vérité est ailleurs car en y regardant d'assez près, l'on s'aperçoit que cette crise économique – au demeurant, très profonde – n'est pas née d'une «mauvaise gestion» mais plutôt de ces «sanctions américaines» qui auraient fait perdre à l'économie du Venezuela quelques 30 milliards de dollars. En outre, en mai dernier, Maduro avait été réélu par 68% des électeurs après que trois candidats de l'opposition et seize partis aient fait campagne. Bien qu'ayant été boycotté par trois partis d'opposition, le scrutin avait quand même drainé suffisamment d'électeurs puisque le taux de participation avait atteint 46%; ce qui reste, tout de même, appréciable dans un pays d'Amérique latine où le vote n'est pas obligatoire. Or – comme il fallait s'y attendre – dès le lendemain, ces résultats avaient été qualifiés de «farce» par Washington et rejetés par le Groupe de Lima. Ainsi, la Maison Blanche n'a pas commencé à s'intéresser à ce pays au moment où deux présidents ont commencé à s'y disputer le pouvoir afin de proposer son arbitrage mais bien avant. D'ailleurs, dans un article paru fin Janvier dans le Wall Street Journal, il est dit que ce sont ces illustres hommes de main du président américain qui ont pour noms Rubio, Bolton, Abrams, Pompeo et Pence qui, avec l'aide de la cheffe de la diplomatie canadienne et de son équipe, auraient mis en avant le jeune Juan Guaido et l'auraient «aidé» à prendre la tête de l'Assemblée Nationale dans l'attente du «coup d'Etat» qui va lui permettre d'accéder à la magistrature suprême. Ce «coup d'Etat» a été facilité lorsque le 4 Janvier 2019, le Groupe de Lima comprenant principalement des pays amis de Washington a fait une «déclaration de non-reconnaissance de la légitimité du nouveau mandat du régime vénézuélien» sur la base de laquelle dès le lendemain, le Parlement vénézuélien, acquis à l'opposition, avait procédé à un vote contre l'investiture de Nicolas Maduro. C'est donc en s'appuyant sur ce vote venu «confirmer» l'illégitimité du second mandat du président Nicolas Maduro, que Juan Guaido s'est autoproclamé «président de la république». Aussi, après le discours du Président américain, il n'est nul besoin de chercher ailleurs qu'à la Maison Blanche les raisons de ce qui se passe aujourd'hui dans ce pays d'Amérique latine renfermant d'énormes ressources minières et, de surcroît, «socialiste». Mais si, à l'heure qu'il est, une invasion militaire du Venezuela par l'armée américaine n'est pas à écarter, il n'est pas dit, non plus, que ces deux importants membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations-Unies et grands partenaires économiques de Caracas que sont la Chine et la Russie – qui soutiennent encore le Président Nicolas Maduro – vont rester les bras croisés et laisser Washington agir à sa guise. Osons l'espérer et attendons pour voir…