Passée de 3 millions de barils par jour en 2008 à moins de 700.000 barils actuellement, la production pétrolière du Venezuela est en chute libre à telle enseigne qu'avec une inflation galopante qui est passée à 9000% en 2019, le pays affronte aujourd'hui la pire crise économique de son histoire après que la grave pénurie de médicaments et de biens de consommation courante à laquelle il faisait face ait été accentuée par l'imposition, à la mi-mars, d'un confinement général pour tenter d'endiguer l'épidémie du Covid-19. Mais si le pouvoir de Nicolas Maduro met la «dégringolade» des prix du pétrole sur le compte des sanctions et de l'embargo de Washington sur le brut vénézuélien en vigueur depuis 2019, l'opposition vénézuélienne l'impute, pour sa part, à l'incurie, la corruption et l'absence d'investissements. Aussi, pour «restructurer et réorganiser» le secteur pétrolier vénézuélien qui, d'ordinaire, génère 90% des revenus du pays, alors que les prix du brut sont au plus bas avec un baril tombé à moins de 10 dollars – du jamais vu depuis 1998 – Nicolas Maduro a attribué, ce vendredi, à son homme de confiance et « chaviste » invétéré, Tareck El Aissami, le portefeuille du ministère du pétrole et mis à la tête de la compagnie publique, «Petroleos de Venezuela SA», Asdrubal Chavez, un cousin du défunt Hugo Chavez qui avait présidé aux destinées du Venezuela de 1999 à 2013. Mais si l'on en croit Carlos Mendoza Potella, l'ancien conseiller pétrolier à la Banque Centrale du Venezuela, le redressement voulu par le président Maduro sera très difficile à atteindre compte-tenu de la détérioration de la compagnie pétrolière publique PDVSA. En outre, même si les deux entités précitées, à savoir le ministère du pétrole et la compagnie publique pétrolière étaient, depuis 2017, entre les mains d'un seul homme, le Général Manuel Quevedo, la «déconcentration» des pouvoirs qui étaient détenus par un seul homme n'a pas été du goût de Washington dès lors que le nouveau ministre vénézuélien du pétrole, au même titre que Nicolas Maduro lui-même et treize autres responsables vénézuéliens de premier plan, est accusé, par la Maison Blanche, de «narcotrafic» voire même «narco-terrorisme». Le nouveau ministre vénézuélien du Pétrole se trouvant donc sous le coup de «sanctions américaines» et d'un éventuel «gel » de ses avoirs aux Etats-Unis, Washington serait prête à offrir 10 millions de dollars pour toute information qui mènerait à son arrestation tout comme elle offrirait 15 millions de dollars pour des informations qui permettraient de capturer le président Nicolas Maduro qu'elle entend destituer afin de placer à la tête du Venezuela Juan Guaido, le jeune président de l'Assemblée nationale. Résolument «chaviste» le nouveau ministre du pétrole et ancien vice-président chargé de l'Economie, Tareck El Aissami, reste l'un des piliers du système politique vénézuélien et «un homme fondamental pour Chavez et Maduro avant les sanctions» dira de lui Luis Oliveros, l'économiste spécialisé dans le secteur pétrolier qui souligne, par ailleurs, que son ouverture au secteur privé serait un plus pour relancer ce secteur après la «très mauvaise gestion» du Général Quevedo. Mais tout ceci ne semble pas suffisant pour ramener Washington à de meilleurs sentiments quand en 2020 ses dirigeants entendent toujours appliquer la même politique que celle qui était en vigueur lors de la fameuse conquête de l'Ouest. Alors, attendons pour voir…