Projet de loi sur les réseaux sociaux Saoudi El Amalki Au moment où la société marocaine, toutes franges réunies, se communie dans une majestueuse symbiose, en ces moments de confinement, on se fit désabuser subitement, par un projet de loi fuité dit-on, des rouages de l'exécutif. Il s'est agi de pénaliser toute personne s'évertuant à renier, à se douter de la qualité ou à inciter au boycott du produit local. Cette bévue tombe mal, puisqu'elle génère, illico, un tonnerre de clameurs collectives. Au-delà de l'inopportunité de cet acte irréfléchi qui va à l'encontre de l'unité nationale, il fait fi à l'aire de liberté, censée se consolider, dans le sillage de la dynamique régnante. Certes, ledit projet 20-22 n'a pas encore effectué le processus de validation pour devenir officiel. Mais, le fait de s'y atteler et en dévoiler la teneur, bien qu'il soit indiscrètement divulgué, dénotait de l'irrésolution dont faisait preuve le gouvernement. Il témoigne aussi des dissonances des rapports interministériels qui se mettent à «pondre» des décisions hâtives et irraisonnées. En fait, certains articles dudit projet tendent à museler et anathématiser la liberté d'expression pour laquelle les forces vives de la Nation ont sévi des années de répression. De même, on a plutôt tendance à croire que cet opprobre dont se vêtit, encore une fois, l'exécutif, serait, sans nul doute la riposte vindicative à l'action de boycott, largement menée, il y a quelque temps, par une large partie des masses populaires. Même, en matière de «vengeance», certaines composantes se conduisent de la manière la plus gauche, puisque sitôt révélé, le projet suscitait une vague de rejet ferme, en particulier dans les réseaux sociaux. «Il n'est pas question de toucher à la liberté d'expression et des droits de l'homme dans notre pays!», semble arborer haut et fort, l'ensemble des citoyens, à l'égard de ce camouflet rétrograde. L'article 25 de la loi suprême du pays est sans équivoque : «La liberté de la pensée, de l'opinion et de l'expression est garantie, sous toutes ses formes». On ne peut donc altérer cet acquis inviolable de la constitution par une autre loi diamétralement opposée. D'autant plus qu'on connaît les raisons de cette atteinte, en ces temps où le peuple est manifestement occupé voire hanté par la propagation du virus endémique. Une attitude sournoise dont la manipulation ne saurait passer inaperçue par l'intelligence de tous les défenseurs des idéaux et les valeurs de libertés individuelles et collectives du peuple marocain. On dira bien que si le gouvernement renferme des constituantes, juges et parties, qui tentent de passer des lois en faveur de leurs intérêts et caprices, ce ne sera nullement le peuple qui paiera les pots cassés. Le premier jet du projet en question est une démarche périlleuse et lourde de conséquence pour le processus ascendant dont la mise en marche fut l'objet de luttes colossales des forces nationales et démocratiques de la Nation. Ce parcours ardu et ardent, longuement mis à contribution, ne pourrait en aucun cas, être piétiné, à présent, par des «commis de l'Etat» qui aspirent vainement à tirer un trait sur toutes ces prouesses nationales, en termes de libertés et de droits de l'homme. C'est de l'imposture pure et simple contre l'Etat de droit et d'institution qu'on édifie pierre par pierre, contre le droit à penser et à s'exprimer, tout en étant responsable et respectueux des fondements de la Nation et contre l'image de marque et la stabilité nationale que les hostilités extérieures ne cessent de perturber!