C'est la peur au ventre que, ce dimanche, les Maliens ont pris la direction des bureaux de vote pour élire les 147 députés qui devront constituer leur nouvelle Assemblée nationale qu'ils voudraient plus légitime que la précédente dont le mandat est venu à expiration en 2018 mais dont le renouvellement avait été reporté à plusieurs reprises. Si, ce lundi 30 mars, aucun chiffre officiel concernant la participation au scrutin de la veille n'était disponible, il est sûr que la participation à ce premier tour de l'élection législative a été faible du fait, notamment, des perturbations liées aussi bien à la crise sanitaire mondiale du coronavirus qu'aux violences jihadistes qui s'exercent en dépit de la présence des forces françaises et de l'ONU. Le scrutin de ce dimanche n'ayant pas pu se tenir dans certaines parties du territoire malien en proie à ces violences quasi-permanentes qui ont très souvent débordé sur le Niger et le Burkina Faso voisins, 274 bureaux de vote sur un total de 12.500 sont restés fermés alors qu'à Boni, des hommes ont saccagé un bureau de vote et à Kigali, des observateurs, ont été pris à partie par des hommes armés qui les ont empêché d' accéder au bureau de vote qu'il devaient contrôler. «Ils nous demandent d'aller voter alors qu'on utilise tous le même stylo et la même encre. Il n'y a pas un mètre entre les gens !» s'émeut cet habitant de Bamako qui, pour éviter d'être contaminé, a préféré rester chez lui. D'ailleurs, à en croire Aminata Touré de l'ONG Travaillons pour un Mali propre», «si dans certains centres, le matériel a permis de respecter les mesures sanitaires, il est clair que, dans de nombreux autres, les gestes barrières n'ont pas été respectés et le dispositif n'était pas en place pour se laver les mains». Or, bien que les forces de l'ordre aient sécurisé la majorité des bureaux de vote, un représentant de l'autorité locale a bel et bien été enlevé par un groupe d'hommes armés dans la région de Tombouctou alors qu'un rapport de l'«Observatoire des élections et de la bonne gouvernance au Mali » a révélé qu'au moins six candidats avaient été kidnappés, par des groupes armés, pendant la campagne électorale. Parmi ceux-ci figure Soumaïla Cissé, le chef de file de l'opposition, tombé dans les filets de ses ravisseurs alors qu'il faisait campagne dans son fief de Niafounké au nord de Tombouctou. Aussi, bien que, ce 30 mars, l'on soit encore sans nouvelles de l'intéressé, tout porte à croire qu'il serait entre les mains des combattants du groupe d'Amadou Koufa, le chef de l'une des branches de la principale alliance jihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda. Aussi, en saluant la «maturité» du parti de Soumaïla Cissé qui, en dépit de l'enlèvement de son leader, n'a pas appelé à un boycott des élections mais plutôt à une participation massive au scrutin législatif de ce dimanche, le président malien Ibrahim Boubakar Keïta a promis de «ne ménager aucun effort pour obtenir sa libération». Enfin, si les résultats du 1er tour de ce scrutin ne seront pas donnés avant plusieurs jours et que le second tour devrait avoir lieu le 19 Avril prochain, les maliens restent, cependant, très sceptiques quant à sa tenue dans un contexte épidémique qui semblerait être sur le point de devenir de plus en plus dramatique. Alors, attendons pour voir…