Dès lundi, les résultats provisoires du deuxième tour de l'élection présidentielle malienne, qui s'était déroulé la veille, ont placé le président sortant Ibrahim Boubakar Keita, 73 ans, à la tête du pays avec 67,17% des voix contre 32,83% pour son rival Soumaïla Cissé. Partant favori à l'issue du premier tour après avoir décroché 41,81% des voix, le vieux président sortant qui ne sortira pas rempile donc pour un second mandat de cinq ans. Vieux routier de la politique malienne, celui que ses compatriotes appellent IBK, avait déjà été ministre des Affaires étrangères, puis Premier ministre, puis Président de l'Assemblée Nationale avant d'occuper le fauteuil présidentiel et le palais de Koulouba en 2013 après avoir échoué aux élections présidentielles de 2002 et 2007. Force est de reconnaître, tout de même, qu'au vu du grand nombre de candidats qui se sont présentés, le désir de changement est très fort. En effet, la présence de 24 candidats en course est la preuve que les Maliens, qui en ont assez d'une gestion des affaires publiques minée principalement par la corruption, le clientélisme et le népotisme, réclament le changement. Or, même si Soumaïla Cissé n'est pas parvenu à impulser ce changement, il n'en demeure pas moins vrai que le vieux président sortant est loin d'avoir comblé les attentes de ses concitoyens et que ce n'est que, faute d'un meilleur candidat, que les Maliens se sont résignés à le laisser en place. Mais si la communauté internationale présente au Mali a rappelé «aux deux candidats leurs engagements en faveur de campagnes pacifiques avant et après le processus électoral» et les a encouragés à «utiliser les canaux légaux et constitutionnels pour régler leurs différends», il faut reconnaître que le second tour de cette élection présidentielle s'est déroulé dimanche dernier dans un climat plus apaisé, même si le président d'un bureau vote non loin de Tombouctou aurait bien été tué par des jihadistes. En outre, durant ce deuxième tour, seuls 490 bureaux de vote sur 23.000 n'ont pas pu ouvrir du fait d'une très forte présence de l'armée qui aurait déployé, cette fois-ci, quelques 36.000 hommes soit 6.000 de plus que lors du premier tour. Le Secrétaire Général des Nations-Unies, Antonio Guterres, a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue «jusqu'à la conclusion du processus électoral» et à éviter «les rhétoriques incendiaires». S'il est donc quasi-certain que le vieux président va rester en place pour une nouvelle législature, celui-ci sera appelé, cette fois-ci, «à jouer le rôle de chef d'orchestre d'une transition qui ne dit pas son nom» en changeant ses anciennes méthodes de gestion gangrenées par la corruption et le clientélisme et en déclenchant une nouvelle dynamique de résolution de la crise sécuritaire. Y parviendra-t-il ? Rien n'est moins sûr mais attendons pour voir....