Remanié pour plus d'efficience et d'efficacité afin de mieux répondre aux attentes politiques et sociales de la conjoncture, le gouvernement de Saâd-Eddine El Othmani dans sa nouvelle configuration donne l'impression par ces actions qu'il n'aurait investi l'axe de la pertinence. En effet, quelques jours après son installation, son porte-parole, Hassan Abyaba prend la parole en trébuchant sur toute la ligne. A l'intérieur comme à l'extérieur du pays, ses sorties hasardeuses braquent les projecteurs sur la coalition gouvernementale et remettent en cause la notion de «compétence» qui prévalait avant la formation de cet Exécutif. Sa première apparition au parlement a été en effet spectaculaire. Il s'est bien mêlé les pinceaux en relatant devant les députés une réponse qu'on lui avait déjà préparée alors que la question qui lui correspondait a été retirée lors de la séance des questions orales. Sans se rendre compte, le ministre lisait naïvement une réponse qui était destinée à une autre question. Et devant l'interpellation des députés, il a répliqué : «C'est dans cet ordre qu'on m'a donné ces réponses». Autant dire que le ministre ne revoit même pas ce que ses conseillers lui confectionnent. Et lorsque la question l'interpellant sur l'activité gouvernementale n'est pas traitée par le cabinet, il répond tout simplement qu'il n'a pas de réponse. «Je n'ai pas de réponse à votre question, laissez-moi le temps de vérifier», a-t-il lancé en réponse à chaque question des journalistes couvrant habituellement le point de presse du porte-parole du gouvernement, chaque jeudi. Le comble est sa réplique en répondant à une question sur la coopération avec l'Afrique : «J'ignore avec exactitude les départements qui sont concernés par cette coopération. Tout ce que je sais, c'est que les instructions du souverain et du gouvernement ont été données pour approfondir cette coopération». Apparemment, il ignorait tout sur la coopération africaine. C'est du moins ce que son intervention laissait entendre dernièrement en Mauritanie. En effet, le ministre de la Culture, de la Jeunesse et des sports, porte-parole du gouvernement, qui a conduit la délégation marocaine le 10 novembre, à Chenguit, en Mauritanie, à l'occasion du Festival des villes anciennes, s'est de nouveau mélangé les pinceaux d'une façon qui interpelle. Voulant remercier le président mauritanien dans son allocution, le porte-parole du gouvernement marocain a surnommé le chef d'Etat mauritanien «Ould El Azzouzi» au lieu de Ould El-Ghazouani. Ainsi, à l'intérieur comme à l'extérieur du pays, l'onde de choc de cet état de fait secoue d'abord l'ethos du gouvernement qui en pâtit et souille son image auprès de l'opinion publique. Il faut dire que la «compétence» sans prudence et sagesse politique ne fait pas bon ménage avec l'action gouvernementale, censée poser des actions en prenant en compte toutes les contingences du contexte politique et social afin d'éviter les effets pervers.