La capitale du Souss n'est plus la première station balnéaire du royaume, mais c'est bien la cité du Détroit qui caracole en tête. Pis encore, Agadir est bien la dernière destination de toute la Méditerranée, en tourisme du littoral. C'est en ces termes si douloureux que les professionnels locaux ont scellé le constat d'un secteur en chute libre, lors de l'imposante réunion de lundi dernier, à laquelle prenaient part un contingent d'intervenants du domaine, toutes filières confondues. L'énorme messe marquée par la présence effective du ministre du département de tutelle, ainsi que les décideurs des divers organismes étatiques y afférents, tels l'ONMT, l'ONDA, la RAM…, a, en fait, regroupé tous les institutionnels, les élus, les opérateurs, les associatifs de la région Souss Massa pour ce grand événement sectoriel, tant attendu. De bout en bout, le ton était empreint de marasme et de nostalgie, à l'instar du cri de cœur renfrogné et maussade qui exhortait l'auditoire à se rebiffer en vue de libérer ce majestueux site des carcans qui l'accablent, depuis belle lurette. Pour une fois, on fut unanime face à ce déclin criard qui foudroie de plain fouet, cette somptueuse station. La langue de bois était magistralement bannie par l'échange de la réalité, à l'image du discours à la fois évocateur, critique et concluant du Wali de la région. Le propos translucide, il n'hésitait guère d'émettre des suggestions judicieuses pour sortir des ornières. Ce même constat critique allait également imprimer les interventions des gouverneurs des provinces présentes. «Il n'y aura pas de décollage du balnéaire si on continue à ignorer le potentiel riche et diversifié de l'arrière pays, bourré de référentiels identitaire et patrimonial !», vociférait celui de Taroudant, en panache. Dans le même sillage, on appréciera le «réquisitoire» fringant de Said Scally, un vieux routier de la région qui a longtemps roulé sa bosse dans les archéologies du tourisme de plus d'un demi siècle. Tout au long de sa «semonce» exhaustive, il proférait des observations techniques pertinentes, tantôt à l'adresse du responsable de la RAM, tantôt à l'ONDA et à l'ONMT. Statistiques et comparatifs à l'appui, il passait en revue des péripéties de l'aérien, en fin connaisseur de ce volet névralgique tout en déplorant les dysfonctionnements qui l'ont abattu, en particulier la bavure lamentable d'Atlas Blue. Il décortiquait tous les détails les plus rudimentaires de cet aspect vital et son impact direct sur le passager et, partant, sur l'ensemble du secteur. Pour y remédier, il proposait la mise en place d'un comité interministériel qui s'attellerait à examiner et réparer les déficits rencontrés, à travers des fiches à soumettre aux plus hautes sphères de la nation. Puis après, tout à tour, on eut droit à des rapports relatifs au parc hôtelier, à la promotion, au plein air, y compris, entre autres, l'allocution pertinente de Brahim Hafidi, président de la région et une série de communications des parlementaires, notamment Said Dor et Abdelatif Ouammou. Enfin, le ministre prit la parole pour confirmer le reflux de la destination et s'en désola amèrement. Afin d'apaiser un peu le climat qui semblait s'assombrir par des réflexes inquisiteurs de l'assistance, le dirigeant de l'exécutif évoquait non sans admiration les valeurs de communion ancestrale dont fait preuve la communauté régionale, depuis bien longtemps. A ce propos, il rendit un bel hommage aux députés de la région, toutes obédiences réunis qui s'étaient mobilisés pour convaincre les services centraux à anticiper sur l'autoroute entre Marrakech et Agadir, avant même que celle-ci ne soit insérée dans le programme national des autoroutes. Cette même synergie qui avait réalisé des exploits par le passé, devrait animer tous les acteurs du tourisme régional, en parfaite synergie avec les divers services du gouvernement, pour pouvoir prétendre au redressement escompté. Par ailleurs, il se focalisait sur la primauté du tourisme culturelle et civilisationnelle, pouvant préserver le cachet local, tout en considérant le tourisme de plein air comme une priorité á laquelle il va falloir sérieusement se pencher, après quoi, il appelait à réitérer la volonté de reprendre les conventions multipartites à même de faire contribuer toutes les parties concernées à la relance du tourisme régionale, d'autant plus que des mesures qui paraissent à portée de main, peuvent être abordées dans l'immédiat. Pour conclure, il faut bien dire que ce rassemblement qui brillait surtout par une note plutôt émotionnelle et nostalgique, se caractérisait également par un mea culpa général. Un repentir collectif, mais aussi une confession sans appel, face aux gros grabuges qui ont accompagné le parcours du secteur, des décades durant. Pourvu que cet aveu solennel soit suivi pratiquement d'un «catharsis libératoire et purificatoire», comme prôné par Aristote, érudit philosophe de l'antiquité grecque. Cependant, au-delà de l'émotion et de la narration idéaliste, il n'y a qu'une seule issue de franchir ces embûches qui bloquent l'expansion du tourisme dans la région, c'est bel et bien l'action et le sérieux ! Il va alors devoir passer à l'action pour de bon…