Les trois pays scandinaves (Suède, Danemark et Norvège) totalisent annuellement plus de 20 millions de voyages à l'étranger avec des durées de séjour d'une semaine et une dépense moyenne par séjour dépassant les 1.000 euros. Lorsqu'on y ajoute le potentiel client de la Norvège et de l'Islande, cela fait des pays nordiques le 3ème bassin émetteur de touristes en Europe. Face à cet important potentiel, le Maroc, avec Agadir en tant que destination balnéaire d'hiver connue des nordiques, ne connaît pas la promotion nécessaire auprès de ce marché qui faisait vivre la station six mois de l'année, du mois de novembre au mois d'avril. Les années 80 et 90 qui formaient la gloire de la destination sont parties à jamais. C'est vraiment désolant, bien regrettable et destructeur pour la station, premier produit balnéaire national. Lors de la réunion tenue à Agadir sur la tournée à Moscou, Varsovie et Stockholm, par le représentant du DG de l'ONMT, accompagné du président du CRT Agadir et du président de l'AIH, la relance du marché scandinave a été évoquée. Sans hésitation, parlant au nom de l'ONMT, on a attendu de la bouche du responsable présent à la réunion que le marché russe, le marché allemand et le marché britannique, forment la priorité de l'ONMT. Parfait. Où est donc passé le marché scandinave ? Pourquoi ne pas le faire figurer comme marché prioritaire aussi? Où est le problème ? On aimerait bien le savoir. Nous rappelons aux responsables de l'ONMT que le marché nordique existe, pour Agadir, bien avant le marché russe. Que c'est un marché qui faisait vivre la destination balnéaire six mois de l'année (avec un top de 70.000 clients par an) mais porteur également pour Marrakech et Fès... notamment via des excursions. Et que les grands TO scandinaves commercialisaient bien la destination et y trouvaient leur compte. Et ce jusqu'à l'an 2001. Date fatidique pour le tourisme nordique avec la décision de l'ONMT d'accorder la priorité aux marchés prioritaires européens (France, Espagne, Allemagne, Angleterre, Italie et Belgique). Ignorer volontairement, comble de l'irresponsabilité Voilà qu'on retombe dans le même discours en excluant le marché scandinave des priorités de l'ONMT. Nous pensons sérieusement que c'est de l'irresponsabilité pure et dure que de continuer à « ignorer volontairement » un tel marché porteur pour Agadir et pour le Maroc. On nous parle d'un objectif du marché russe en 2017 de 100.000 clients alors qu'on avait un marché nordique qui faisait, il y a 15 ans, 70.000 clients sur Agadir. Si la bonne promotion avait eu lieu pour ce marché en continu ; on serait arrivé à plus 150.000 clients, au moins, actuellement. Le marché des pays nordiques est structuré, réactif, et fidèle lorsque le produit le plaît. Ce fut le cas pour la balnéaire d'hiver d'Agadir. C'est également un marché à haute contribution, notamment avec la niche du golf, du Bien Etre, du trekking, surf etc... Pour mémoire, dans l'absence de tout répondant de la part des responsables du tourisme national (ministère et ONMT) aussi bien que de la part des professionnels locaux, les TO scandinaves avaient annoncé officiellement le retrait d'Agadir de la programmation pour la saison 2009/2010 ; après neuf ans d'attente d'une éventuelle correction de l'erreur commise vis à vis de ce marché. Rien n'a été fait et le marché s'est écroulé en faveur des destinations concurrentes. Nous n'avions jamais cessé de clamer, chaque année, l'importance de ce marché. En vain. Aucune action promotion d'envergure n'a été faite dans ce marché depuis 15 ans. Pour avoir négligé ce marché de la part du Maroc ; les TO nordiques ont ignoré la destination Maroc qui en est le premier perdant. C'est vraiment déroutant pour la destination lorsqu'on sait que la station balnéaire recevait, il y a à peine 10 ans, dix vols nordiques par jour avec le fameux jeudi des arrivées des Scandinaves. Depuis le départ du grand professionnel de terrain, Fouad Hajjoui, ex-délégué de l'ONMT en Scandinavie, ce marché n'a cessé de dégringoler une année sur l'autre jusqu'à tomber dans la situation catastrophique actuelle. Or, ce marché faisait vivre la destination six mois par an, du mois d'octobre au mois d'avril. Les TO et les clients, aussi bien scandinaves que nordiques, jouissent d'une très bonne renommée au sein des professionnels, des commerçants et des autres opérateurs du fait de leur éducation civique, de leur gentillesse et de leur droiture. Ils sont tous des opérateurs et des clients sans problèmes, respectueux de tous, ne cherchant que du soleil, de la mer, bien manger et bien boire et passer de bonnes vacances. C'est l'exemple type de clients qu'on aimerait recevoir toute l'année. Synergie opérationnelle La destination Maroc et la destination Agadir doivent se ressaisir et sérieusement pour la relance et la reconquête du marché scandinave et nordique. Une synergie opérationnelle entre le ministère du tourisme, l'ONMT, l'ONDA, les institutions élues (Conseil Régional et Commune Urbaine d'Agadir), les professionnels d'Agadir réunis au sein du CRT, l'AIH est plus que nécessaire actuellement. Elle est obligatoire et vitale, sinon on risque encore de perdre pour longtemps ce grand marché. La mission à Stockholm aura permis de reprendre le contact, ce qui est déjà positif, après une absence de plusieurs années. C'est une occasion opportune pour développer une bonne stratégie réelle envers ce marché. Soulignons, pour rappel, que les TO scandinaves, raisonnables et pragmatiques ne demandaient nullement l'impossible pour la reprogrammation de la destination pour la saison 2009 / 2010. La solution préconisée était claire. Il s'agissait du partage de risque siège à hauteur de 30% des vols programmés. Cela voulait dire que les TO allaient prendre en charge le remplissage siège à 70%, le reste devrait être pris par la destination, dans le cadre des sièges vides, avec le risque partagé. Si tous les sièges sont pleins, le prix à payer pour la destination est zéro. Si les vols sont pleins à 80%, le TO et la destination Agadir partage le coût des 20%. Ce n'est ni nouveau, ni magique. C'est la stratégie adoptée depuis des années par nos concurrents égyptiens, tunisiens et canariens. Sauf que, comme à l'accoutumée, nos décideurs touristiques nationaux, notamment au sein de l'ONMT et autres, avaient dit non, donc avaient fait le contraire de ce qu'ils devraient faire. La victime en est le développement du tourisme, à cause d'une vision conçue loin des professionnels du terrain, donnant un déphasage énorme entre ce qui doit se faire et ce qui se fait. Moralité, il faut relancer ce grand marché nordique, important pour la destination et pour le produit touristique Maroc, avec une stratégie porteuse, des actions concrètes, une présence sur le terrain et un contact permanent avec les TO et les compagnies aériennes nordiques. Les erreurs du passé doivent être dépassées définitivement. Cela passe par des actions promotionnelles efficaces, des workshop, des voyages de presse et des éductours, mais par une présence dynamique lors des salons du tourisme dans tous les pays nordiques, sur le web, via les sites Internet des hôtels et des résidences touristiques, conçus avec réactivité en temps réel. 80% des scandinaves recherchent via Internet des séjours touristiques à l'étranger. 55 % achètent sur Internet et 35% confectionnent leurs voyages via le packaging dynamique. Il est tout de même incroyable et insensé de continuer à ignorer un marché qui a participé au développement et à la renommée de la destination balnéaire Agadir, il y a 35 ans. Il faut savoir arrêter les dégâts. Vouloir développer le marché russe ou polonais est judicieux, mais redévelopper le marché nordique plus consistant et plus porteur en durée de séjours, en saisonnalité et en dépenses est cent fois plus intéressant encore. La capacité litière, point faible de la destination Agadir Le regain d'intérêt du marché russe et polonais est venu suite à la dramatique explosion de l'avion russe en Egypte. On aurait aimé ne pas attendre ces moments de malheur, et bouger positivement bien durant ces dernières années où le tourisme à Agadir était au plus bas. Des promesses de l'ONMT ont été données, avec peu de réalisation sur le terrain malheureusement, ce qui a laissé nombreux professionnels présents à la réunion sur le marché russe, polonais et scandinave, bien septiques. L'optimiste affiché lors de cette réunion, vis à vis d'une bonne reprise de ces marchés, est peut être réconfortant s'il est suivi d'un travail de terrain sans relâche notamment au niveau du marché scandinave et nordique. Il faut reconnaître que le produit touristique gadiri, (avec ses handicaps de manque de capacité, vétusté des établissements hôteliers, environnement urbain défaillant...) n'avait nullement encouragé l'ONMT a soutenir la promotion de la destination balnéaire qui n'arrive pas à redécoller. N'empêche, cet Office est l'outil de la promotion touristique et doit, en toute logique, assumer cette fonction, malgré des conjonctures défavorables. Signalons que le marché russe finira par revenir en Egypte, vu la donne des tarifs aériens alléchants, grâce à la proximité et aux tarifs hôteliers bien concurrentiels. Mais grâce également au produit balnéaire lui-même et de la grande capacité litière, ce qui désavantage la destination Agadir. Mesurons donc à sa juste valeur notre capacité litière, notre produit, nos propos, nos visions, nos stratégies et arrêtons d'avancer des chiffres au gré des responsables de l'ONMT, à l'instar de la manœuvre gauche commise par un autre responsable de cet office qui avait déclaré lors de la tenue du 4ème Sommet de l'OMT sur le Tourisme Urbain à Marrakech, que le Maroc reçoit 8 millions de touristes culturels par an. Comme quoi le ridicule ne tue pas au sein de l'ONMT, à travers des paroles et des actions non professionnelles de certains « cadres », et que ce genre de bêtise lancé à tort et à travers, devant une audience de professionnels nationaux et internationaux, porte plus préjudice au tourisme et à l'organisme responsable de la promotion touristique nationale, au lieu de mettre en valeur le tourisme dans notre pays. Alors que l'on cesse de dire du n'importe quoi, de tenir paroles sur paroles et promesse sur promesse pour passer à des actions concrètes et dynamiques qui servent notre tourisme dans sa dimension régionale et nationale. Qu'on écoute les professionnels de terrain dans une réelle concertation et une réelle coordination et qu'on cesse de piloter le tourisme régional via une télécommande basée à Rabat. A l'heure de la Régionalisation Avancée, le tourisme a aussi droit d'être conçu, pris en main et exécuté par les professionnels et les opérateurs régionaux, avec le soutien nécessaire de l'ONMT en tant qu'organisme étatique de promotion touristique nationale.