Faisant fi des demandes de l'Union Africaine lui enjoignant de surseoir à la proclamation officielle des résultats des élections présidentielles qui se sont déroulées au titre de la succession de Joseph Kabila et du recours déposé par Martin Fayulu qui s'était déclaré «seul président légitime» du pays, la Cour Constitutionnelle de la République Démocratique du Congo a officiellement proclamé, ce dimanche 20 janvier 2019, Félix Tshisekedi, comme nouveau chef de l'Etat. Considérant comme «non fondée» la requête déposée par Martin Fayulu au motif que ce dernier n'aurait pas «apporté la preuve» que les résultats annoncés par la Commission Electorale n'étaient pas conformes à la réalité, la Cour a validé les résultats provisoires tels qu'ils avaient été annoncés le 10 janvier par la Commission Electorale et qui avaient donné la victoire à Félix Tshisekedi avec 38,5% des voix suivi de Martin Fayulu avec 34,8% des suffrages puis par Emmanuel Ralazani Shadary avec 23%. Les partisans de Martin Fayulu espéraient que la Cour Constitutionnelle allait procéder à l'annulation des «résultats erronés» et ordonner un recomptage manuel des voix mais rien n'y fit. Aussi, en dénonçant le «putsh électoral» dont se serait rendu «totalement complice» Félix Tshisekedi, Martin Fayulu qui continue de clamer qu'il aurait obtenu 60% des suffrages exprimés et qui a appelé ses concitoyens à sortir dans la rue pour contester de manière «pacifique» la décision de la Cour Constitutionnelle, s'est écrié : «Ce n'est ni plus ni moins qu'un coup d'Etat constitutionnel car il porte à la magistrature suprême un non-élu (…) Par cet arrêt, la Cour Constitutionnelle vient, une fois de plus, de confirmer qu'à l'instar de la Commission électorale, elle est au service d'un individu et d'un régime dictatorial qui ne respecte ni les lois de la République ni les règles les plus élémentaires de la démocratie et de la morale». En confirmant les résultats communiqués le 10 janvier par la Commission Electorale, la Cour Constitutionnelle de la RDC ne s'est pas mis à dos le candidat malheureux aux élections présidentielles Martin Fayulu mais l'Union Africaine en tant qu'instance panafricaine qui avait elle-même considéré que les résultats annoncés par la CENI étaient entachés de «doutes sérieux». Mais qui est donc Félix Tshisekedi qui, à 55 ans et pour une première transmission pacifique du pouvoir depuis l'indépendance du pays le 30 Juin 1960, succède au président sortant Joseph Kabila resté au pouvoir depuis l'assassinat de son père Laurent-Désiré Kabila en janvier 2001? Félix Tshisekedi, désigné en Avril dernier président et candidat de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) fondée dans les années 80 par son père Etienne contre la dictature du Maréchal Mobutu Sessé Seko est bien l'héritier politique de son géniteur qui, lui-même, avait contesté la réélection «forcée» et entachée de fraude de Joseph Kabila en 2011. Mais les voies de la politique étant bien souvent aussi impénétrables que celles du Seigneur, il n'y a pas lieu de s'étonner de voir que dès que les résultats provisoires annoncés par la CENI lui avaient conféré la victoire le président-élu Félix Tshisekedi a tenu à rendre hommage au Président Kabila qu'il considère, désormais, comme étant un partenaire. De quoi donc demain sera-t-il fait dans cette République Démocratique du Congo maintenant que l'ère Kabila est bel et bien révolue ? Attendons pour voir…