Le célèbre explorateur Ibn Batouta avait déjà émis cette superbe réflexion au 14e siècle : «Voyager vous laisse d'abord sans voix, avant de vous transformer en conteur !». C'est sans doute la devise majeure du tourisme contemporain. Un pays comme la France dont Paris est tout feu, tout flamme, fait aujourd'hui plus de 60 millions de voyageurs par an, qui s'y rendent pour visiter ses merveilles patrimoniales qu'elle ne cesse d'entretenir et de promouvoir. C'est ce qui fait la différence, puisque le tourisme est avant tout, un phénomène humain et social, avant d'être confort et détente. Certes, le visiteur est soucieux du bien-être durant son séjour dans le pays d'accueil. Il est constamment à la recherche du plaisir de vivre que lui procurent la nature, le service et le loisir. Mais, au-delà de ces fondamentaux qu'il peut trouver un peu partout dans nombre de destinations, il serait encore plus comblé s'il n'était pas en proie à l'ennui à l'hôtel. Que proposent alors les décideurs locaux à Agadir, première station balnéaire du royaume, aux invités d'outre mer ? Franchement, pas grand-chose ! Le touriste ne sera ni sans voix sur place ni conteur une fois rentré dans son pays, comme le disait Ibn Batouta. La ville ne fait absolument rien pour accrocher le touriste, en quête d'animation qui chasserait le cafard de la monotonie. Les professionnels font de leur mieux pour animer, tant bien que mal, leur boîte respective, sans tout de même, beaucoup d'attractivité. Pour la plupart, les visiteurs restent sur leur faim, tout au long de la journée à se gratter les mains. On leur suggère de gravir les versants de l'ancienne citadelle, communément appelée «la Kasbah d'Agadir Oufella». Mais, ils sont vite désabusés et révoltés par l'état piteux de ces lieux séculaires, abandonnés à leur sort. La crasse et la promiscuité des vestiges délaissés suscitent la nausée dans ces recoins insalubres. On leur fait signe d'aller faire un détour au «souk l'had», pour découvrir et s'acheter toutes ces petites choses exotiques, typiquement traditionnelles. Là encore, ils sont victimes de vilaines arnaques qui dissuadent les plus optimistes d'y retourner. Et puis, plus rien dans cette cité qui puisse satisfaire la curiosité ! Le tourisme n'est pas seulement la plage et le soleil. Mais, c'est également et surtout l'offre immatérielle et civilisationnelle qui meuble la ville qu'on tient à convertir en destination prisée et porteuse par ses infrastructures hôtelières et ses services de qualité, mais aussi par ses divers sites de visite, huppés et attractifs.