Il ne fait pas de doute, la destination Agadir sur laquelle reposent les espoirs de l'un des pôles névralgiques de l'économie nationale, constitue l'épine dorsale de l'effort déployé dans ce sens. Les professionnels et les opérateurs s'empressent d'insuffler de nouvelles bouffées d'oxygène au secteur pour un produit en phase d'essoufflement. La position de haute acuité de la destination, en quête d'une redynamisation soutenue, en tant que levier essentiel de l'essor global, est, à coup sûr, confortée par une transition souple et édifiante que le Maroc a entreprise au plan institutionnel, dans ce sens que l'économie nationale n'est pas durement affectée par la crise mondiale. Cependant, il va sans dire que le tourisme est surtout caractérisé par une tendance baissière, en termes de nuitées et d'arrivées. Mais, l'on notera, en revanche, que ce secteur est d'une certaine immunité et d'une nette maturité, en dépit des indicateurs macro-économiques régressifs. Cette donne en fléchissement, nécessite une large mobilisation de la part de tous les intervenants du secteur pour assurer la relance escomptée. Reconsidérer le dispositif du plan Azur, s'aligner pleinement dans le sillage de la vision 2020, parfaire le module de la saisonnalité, relever de plus belle les taux d'arrivées et de nuitées, sont, entre autres, les leitmotivs du cheval de bataille du nouveau redressement de la chose touristique. Ce dont souffre exactement le potentiel d'une destination telle Agadir. Une destination en perte de vitesse, en dépit des efforts consentis à plus d'un titre. En fait, l'état d'avancement des taux d'occupation, des arrivées et nuitées ont connu une régression due à des répercussions extérieures, des faiblesses de la capacité litière, de l'animation, du transport aérien…Une synergie collective pour faire face à cette baisse, est à mettre à contribution, à travers un plan d'action concerté avec l'Office National Marocain de Tourisme (ONMT), avec plus de 689 millions de dhs sur trois ans qui généreraient plus de 4 milliards de dhs et 150 000 emplois, selon des sources dignes de foi. A cet effet, les décideurs centraux sont appelés d'impliquer les professionnels dans la conception régionale au niveau des régions, en vue d'assurer l'adéquation des visions envisagées avec les exigences et les spécificités multidimensionnelles sur place. Il est inconcevable que l'ONMT se charge de cette ébauche sans l'association des opérateurs régionaux car on ne peut prétendre savoir les rouages de la région tout en demeurant dans les bureaux de Rabat. Il est bien évident que les crises qui secouent actuellement les marchés traditionnels comme la France et l'Espagne influent négativement sur nos rendements en termes de drainages, en plus des répercussions des perturbations occasionnées par les différentes révolutions démocratiques du Maghreb et du Moyen Orient. Il n'en demeure pas moins vrai que l'attentat d'Argana et les soulèvements internes ont également contribué à cette décadence. Il est à souligner pareillement que cette délicate transition marquée par l'adoption de la Constitution, le déroulement de la première manche du processus électoral sous la nouvelle révision et la mise en place du nouveau gouvernement, tout cela dans la sérénité et la concorde, était pour le Maroc un pari majeur, relevé haut la main, à la différence de nombre de pays qui s'embourbent encore dans la dérive. La stabilité politique et la maitrise institutionnelle s'érigent, de tout temps, en un atout de haute acuité pour prétendre à des prouesses aux plans économique et social. Turbulences apaisées, il est bien loisible que le pays se focalise sur le renforcement de tous les acquis et la refonte d'autres générations de réformes. Un débat franc et pertinent est à entamer, loin de la langue de bois et du non-dit occulté. Des opportunités idéales sont, en fait, à saisir toutes les fois que les occasions s'y prêtent, en vue de crever l'abcès et vomir les couleuvres pour l'intérêt d'une destination en perdition permanente. On dira, sans doute dans ces conditions, à haute voix que la capacité hôtelière faisait atrocement défaut, depuis que, sur un peu plus de 25 000 lits existants présumés commercialisables, plus de la moitié est délabrée et se trouve continuellement dans un état piteux. On déplorera aussi non sans profonde amertume que l'aérien constitue un réel handicap, depuis que la compagnie nationale exerce une politique austère et réductionnelle à cet égard, d'autant plus qu'on a perdu pas moins de 17 vols. Des marchés porteurs tels que l'Allemagne, la Grande Bretagne et la Scandinavie exigent forcément les dessertes aériennes idoines et l'éventail d'accueil étendu. On aura évoqué également, l'ambiance «macabre» dans laquelle se trouve la destination d'Agadir en mal d'animation, susceptible d'accrocher les visiteurs, à longueur de journée. Enfermés dans des espèces de «ghettos », à cause de la formule « tout compris », les touristes ont le cafard. Mis à part, la promenade qui s'étend sur plus de cinq kilomètres sur la corniche et son prolongement littoral de la Marina ou encore le souk Al Had et la citadelle foncièrement aménagés, les projets structurants de la ville n'offrent pas d'espaces de divertissement de qualité et de recoins d'attraction patrimoniale. Par ailleurs, on a beau reproduire des discours mielleux par rapport à l'arrière pays regorgeant de potentialités naturelles indéniables, il se trouve que l'aménagement de ces sites laisse à désirer, à l'image de la région d'Immouzzer, lamentablement abandonnée à son sort, malgré des ébauches timides en matière des sentiers pédestres, dans le cadre de la stratégie du Pays d'Accueil Touristique (PAT). Un grand coup de pouce est à prévoir, dans une optique de choix plus opérationnels, tout en maintenant les grandes orientations mises à contribution. A ce propos, il y a lieu de croire que l'Etat se doit, en ces moments d'essoufflement, d'assurer le cap et rassurer les esprits, en injectant les fonds qu'il faut. L'idée de prendre la relève, après le désistement du privé dans pas mal de stations, n'est pas à écarter, d'autant plus que des pourvoyeurs tels la CDG ou encore le Fonds Marocain de Développement Touristique (FMDT) sont de nature à convaincre les investisseurs. Le cas des fonds de bailleurs golfiques qui mettent dernièrement le paquet dans des projets colossaux en est une parfaite illustration. La problématique de la station balnéaire de Taghazout qui, durant plus d'une décennie, a été confiée, à maintes reprises, à des développeurs aménageurs étrangers, mais n'a jamais vu le jour, en dépit des tentatives toutes vouées à l'échec cuisant. On souviendra non sans profonde amertume, les insuccès successifs que ce projet essuyés, avec tout d'abord le désistement de l'investisseur saoudien Dalla Al Baraka, ensuite la désillusion de l'opérateur américain Colony Capital. On avait bien reproché, au temps opportun, cette malheureuse déchéance qui, à chaque fois, infligeait à cette station de cuisantes déconvenues. Les 600 hectares confiés d'une seule traite à un unique aménageur développeur était, en effet, une erreur d'appréciation de taille, car on pouvait se désengager de la sorte à l'égard d'une réalisation aussi gigantesque. D'autre part, il est regrettable de constater, dans le temps, que les décideurs centraux imposaient aux différents intervenants basés sur place des décisions drastiques, sans consultation ni concertation au préalable. Les réserves et les résistances qui on été émises par les collectivités locales mitoyennes du projet, notamment Aourir et Taghazout, ainsi que les instances représentatives, en particulier le conseil de la région de Souss Massa Drâa et le conseil préfectoral d'Agadir Ida Outanane et les professionnels du secteur. Aujourd'hui, l'Etat est bien décidé de mettre un terme à cette série de désengagements déconcertants en tenant le taureau déchainé par les cornes. Son état d'avancement a été l'un des volets de discussion lors des rencontres antérieures avec le nouveau ministre, particulièrement, dont le dossier d'Agadir n'est certainement pas inconnu. Toutefois, il n'est pas sans savoir que les professionnels ont eu leur mot à dire et il n'est certainement pas sans savoir non plus qu'il est appelé à faire preuve d'écoute et de disponibilité. On conviendra bien que la station Taghazout demeure un point noir, une note de honte dans le processus de décollage touristique, depuis déjà plus d'une décade. Outre les prétextes inhérentes aux effets de la récession, c'est incontestablement un problème de gouvernance qui a émaillé la politique des décideurs centraux. Car, si on s'appuie sur un piédestal économique fondamental tel que le tourisme, il nullement que l'Etat s'en dérobe entièrement, tout en en continuant à convaincre les investisseurs aussi bien nationaux qu'étrangers à rallier ces projets de grande envergure. Dans ce cas, les cahiers de charge partenariaux devraient être méticuleusement décortiqués de manière à asseoir potentiellement le rôle de l'Etat, en tant que veilleur de l'intérêt suprême de la Nation. La station balnéaire de Taghazout qui s'inscrit, en fait, dans la dynamique de la valorisation des côtes marocaines, atlantiques et méditerranéenne, s'étendant sur plus de 3500 kms, est un projet qui ne tolère plus de telles démissions. C'est l'un des piliers majeurs de la relance du secteur dans une zone sensible, vouée à une saturation déplorable en termes de capacité litière. En effet, Agadir, première station du royaume ne parvient guère, au bout de plus de trois décennies, à franchir le cap des 25 000 lits commerçables, en dépit des constructions de nouveaux complexes hôteliers. Au moment où des hôtels renforcent l'éventail capacitaire de la destination, d'autres tombent dans le délabrement déplorable, alors que des unités sont toujours en état de balbutiement en matière de construction. On retiendra que plus de 14 000 lits sont dans un état piteux et doivent impérativement passer à la rénovation. La station Taghazout viendra, en effet, exercer une certaine émulation au sein des opérateurs et, du coup, relèvera sans conteste, cette capacité en dégringolade. Les Tours Opérateurs, notamment germaniques exigent, en fait, ce relèvement sine qua non, pour pouvoir lancer dans des opérations de drainage de grande envergure. Maintenant, la station Taghazout est un projet se trouvant constamment à la case de départ dont le déclenchement effectif des travaux tarde à se manifester, quoique les panneaux de réalisation soient affichés. Certes, les premiers coups de pioche du hors site martèlent timidement les lieux. Cependant, le spectre des anciens échecs se pointent toujours et étouffent les brins de confiance, tellement le baume de plaie qu'on a tenté d'administrer lors des avances préalables, ne saurait cicatriser les grosses bavures. D'autant plus que les retards sont déjà constatés, depuis les premières sorties médiatiques de relance du projet. Il est à rappeler que le tourisme est un secteur à haute valeur ajoutée. C'est le premier bailleur de fonds au niveau des recettes en devises. En 2011, il a drainé 6 milliards de dollars. Il est également le second contributeur au PIB après l'agriculture, avec 8 à 9%. C'est le deuxième employeur de la main d'œuvre et de cadres avec 470.000 emplois mis sur le marché. L'opérationnalisation de la Vision 2020, permettra, sans doute, la mise en fonction des projets structurants à travers le pays, surtout dans les destinations touristique de haute notoriété. Avec les stations balnéaires et les territoires touristiques, la création des ressources et des richesses est assurée. Une destination comme Agadir est censée rebondir à plein régime, avec une véritable politique de relance agressive, axée sur la consolidation des structures d'accueil et des activités parallèles (hôtellerie, restauration, agences de voyage, produits artisanaux…), la mise en marche des projets structurants d'accompagnement, la diversification du produit proposé, la mise en place de promotion et de marketing performants, la mise en fonction de l'animation continuelle pour réduire la saisonnalité…Pour ce faire, la mutualisation et la conjugaison des efforts de tous les intervenants, institutionnels, associatifs, professionnels, est une exigence impérative, car tourisme, de par son aspect sociétal, sa dimension universelles et sa nature fébrile et velléitaire, nécessite le parrainage de toutes les parties. C'est ce qu'attend sûrement le ministre du tourisme de sa première visite dans la capitale du Souss, il y a un peu moins de deux mois, et ce qu'attendent les opérateurs d'Agadir du nouveau responsable de tutelle. Une synergie concertée pour l'examen des problèmes réels qui entravent l'expansion, notamment la qualité des prestations, l'investissement adéquat, l'inclusion des opérateurs sans exclusive, l'intégration du secteur dans une dynamique globale…