Agadir, la destination balnéaire phare de l'offre touristique marocaine, polarise les débats depuis quelques semaines. En effet, l'ONMT et bon nombre d'autres opérateurs touristiques demandent une augmentation de la capacité litière de la ville pour qu'elle puisse atteindre 60.000, voire 70.000 lits. Avec les 20.000 lits actuels, la station balnéaire ne fait plus le poids face à des concurrents aussi équipés que Hammamet, Sharm Cheikh ou Antalia. La question a été posée au ministre du Tourisme Yassir Zenagui, lors de la conférence de presse qu'il a tenue la semaine dernière, mais il n'a pas donné de réponse claire à la problématique en indiquant que «les efforts nécessaires seront fournis» pour renforcer l'attractivité d'Agadir. Quels sont ces efforts ? On n'en saura rien. Le seul qui a fourni une réponse claire par rapport à l'augmentation de la capacité litière d'Agadir est le directeur de la Société marocaine d'ingénierie touristique (SMIT), Omar Bennani. Pour rappel, cette société est une entreprise publique qui a repris les activités de la Société nationale d'aménagement de la baie d'Agadir (Sonaba) et la structure similaire qui était dédiée à l'aménagement de la baie de Tanger. «Le plan de développement régional touristique portant sur la baie d'Agadir prévoit déjà d'atteindre cette capacité litière», lance publiquement Bennani. Comment cela est-il possible ? L'ONMT et les opérateurs touristiques qui militent pour l'augmentation du nombre d'hôtels envisagent une configuration où une ceinture d'hôtels et d'installations touristiques serait mise en place sur 30 km au nord et 40 km au sud d'Agadir. «C'est la configuration idéale. Malheureusement, elle n'est pas réalisable compte tenu des contraintes naturelles. Si l'on avait ouvert des possibilités d'investissements illimités, nous aurions eu une avalanche de projets», précise Bennani. Au nord d'Agadir, la configuration des projets est claire. Il y a d'une part, la station balnéaire de Taghazout dont la relance a été annoncée officiellement par le ministre du Tourisme en confiant la réalisation des hôtels à trois opérateurs. Mais le plus important est de connaître le consortium d'investisseurs qui va prendre en charge financièrement la station, en substituant à Colony Capital. «Plusieurs investisseurs ont présenté des demandes pour reprendre la station. Ces demandes sont actuellement en phase finale d'étude. La composition du consortium sera annoncée avant la fin du premier semestre de cette année», explique Bennani. Cela veut dire que cette annonce est attendue dans quelques semaines, voire quelques jours. Mais rien ne filtre encore sur ce consortium pour le moment. La nouveauté pour la station Taghazout, c'est qu'elle ne sera pas axée uniquement sur le balnéaire. Le ministre du Tourisme a tenu à préciser que Taghazout offrira un package touristique qui comprend des circuits dans l'arrière pays, axé notamment sur l'arganier et ses déclinaisons dans le tourisme rural et l'écotourisme. Selon le ministre, le surf et les produits qui lui sont liés constitueront aussi une composante du pakcage Taghazout. La question à se poser est quand tout cela va-t-il être mis en place ? Au nord d'Agadir, il n'y a pas que Taghazout. «Des aménagements touristiques sont également prévus dans la zone d'Aghroud (plus au nord de Taghazout ndlr)», lance Bennani. Reste à savoir s'il s'agit d'une station touristique en bonne est due forme ou de lots de terrains séparés attribués à des investisseurs touristiques. Le problème naturel se pose au sud de la ville d'Agadir. En effet, la SMIT a assaini plusieurs parcelles de terrains dans la zone de Founty. Elle les a déjà attribuées à des investisseurs touristiques. Plus au sud, il y a la zone de Tifnit, où des investissements touristiques sont déjà planifiés. Mais juste après Tifnit, il y a le parc naturel de Souss- Massa. Une zone inviolable qui ne peut abriter des investissements de quelque nature qu'ils soient. C'est une limite naturelle pour le tourisme au sud d'Agadir. Ceci dit, Bennani se montre rassurant. Pour lui, les investissements prévus entre Aghroud et Tfnit sont susceptibles de porter la capacité litière d'Agadir à 60.000 lits. Le bouclage de ces projets est prévu progressivement durant la prochaine décennie. Taghazout offrira un package touristique qui comprend des circuits dans l'arrière pays, axé notamment sur l'arganier et ses déclinaisons dans le tourisme rural et l'écotourisme. La problématique de manque de lits touristiques se pose également pour Tanger. A ce niveau, Bennani annonce que les investissements prévus dans la baie de Tanger sont en mesure de porter sa capacité litière à 30.000 lits dans les dix années à venir. Parmi ces projets, Bennani énumère Tanger City Center, Tinja et les unités touristiques qu'englobe le projet Marina d'Or. Il est également prévu de réorienter les projets immobiliers situés dans la région de Malabata vers une vocation touristique. Mais ce plan de développement se heurte à la problématique majeure de l'assainissement dans la zone de Malabata. Un problème qui devrait être résolu, selon Bennani. Mais jusqu'à présent, les eaux usées sont toujours déversées directement près des résidences touristiques avec tous les désagréments que cela implique. Ce problème ne concerne pas uniquement Tanger et sa baie. Les réseaux d'assainissement versent directement dans plusieurs plages de la région (Martil, M'diq, Rifiyine…) parfois même à proximité des résidences touristiques haut standing. A en croire des sources de la région, aucun projet n'est prévu pour pallier ce problème.