Le lobbying de l'Office National Marocain du Tourisme (ONMT) ne concerne pas qu'Agadir. L'Office chargé de la promotion de l'ensemble des destinations touristiques marocaines à l'échelle mondiale déroule toute une série de propositions pour d'autres segments de l'offre Maroc. «Nous sommes un client des autorités en charge du secteur. Si nous faisons ces propositions c'est pour pouvoir mieux faire notre travail», lance d'emblée Abdelhamid Addou, directeur général de l'ONMT. Après Agadir, les propositions de l'ONMT concernent d'abord Marrakech. Les hauts cadres de l'Office le disent clairement. Il serait utile pour maintenir l'attractivité de la destination de «lever le pied» au niveau de l'investissement hôtelier. Les dernières ouvertures portent la capacité litière de la ville ocre à des niveaux conformes à la demande. Les efforts d'investissements touristiques dans la ville ocre devraient s'orienter en priorité vers l'animation et les attractions. Festivals, aquaparks, parcs d'attraction, animations nocturnes, espaces pour enfants, animations dans l'arrière-pays touristique de la ville (Ourika, Sti Fadma…)… Les opportunités ne manquent pas dans ces domaines. Le projet des Terres d' Amanar, parc d'attractions naturel dans la région de l'Ourika, est cité en exemple à ce niveau. «Mais il en faut 10 autres au moins pour assurer la continuité de l'offre touristique de Marrakech», note Addou. Serait-ce un signe d'essoufflement pour l'offre culturelle phare de Marrakech centrée autour de la Medina et Jamaâ Lafna ? Les cadres de l'ONMT reconnaissent que les touristes français viennent en majorité pour découvrir l'arrière-pays de Marrakech. Mais pour les Espagnols et les Anglais, la médina de Marrakech et ses attractions est une découverte. Il leur faut au moins trois ou quatre visites pour en faire un tour complet. Ces attractions gardent tout de même leur attractivité même avec des visites répétées. Mais encore une fois les animations d'accompagnement s'avèrent nécessaires. Qu'en est-il de la déclaration qu'a faite Addou lors du Fitur (salon du tourisme de Madrid) annonçant que Marrakech sera la plus importante destination touristique en Afrique en 2010 ? Le DG de l'ONMT tient à sa promesse. Pour illustrer ses propos, il se réfère aux chiffres du secteur pour les deux premiers mois de l'année. La destination a enregistré une croissance des arrivées de l'ordre de 15% en janvier avant que cette tendance ne se réduise à 12-13% en février. Qu'est-ce qui expliquerait ce retour d'une croissance à deux chiffres ? Il y a d'une part, le retour des Anglais qui avaient boudé la destination durant les années 2007 et 2008. D'autre part, il y a l'émergence de nouveaux marchés, notamment Américain dont l'intérêt pour Marrakech croît après l'ouverture de nouveaux hôtels de grand luxe, tels que le Mandarin ou l'extension de la Mamounia, en attendant l'ouverture du Royal Mansour Marrakech. Cela veut-il dire que la ville ocre s'oriente définitivement vers un positionnement de luxe ? «Même après l'ouverture de ces nouvelles unités, la moitié de l'offre touristique de Marrakech sera encore dominée par le moyen et l'entrée de gamme», explique le DG de l'ONMT. Outre Marrakech, les cadres de l'Office zooment aussi sur Fès. Pour cette destination, il faut à la fois plus de lits et plus d'animation. C'est le seul moyen pour maintenir la cadence de croissance initiée en 2009, où la capitale spirituelle a enregistré le taux de progression le plus important à l'échelle nationale. Dans le cas de Tanger, le besoin en capacité litière se fait davantage ressentir. Les cadres de l'ONMT assurent qu'il est difficile pour eux de promouvoir une destination auprès des tours opérateurs alors que l'offre hôtelière ne dépasse pas 5.000 lits ! Balnéaire : Quelle attractivité pour les stations du Sud ? Bon nombre d'opérateurs du secteur s'interrogent sur l'utilité de mettre en place des projets de stations balnéaires dans des zones éloignées tels que Tarfaya (Cap Juby) ou Tan Tan (Plage Blanche). D'ailleurs, ces projets sont en stand by ou avancent lentement, notamment en cette période de crise. Il est vrai que le potentiel naturel existe, mais comment mobiliser la main d'œuvre et les infrastructures nécessaires pour assurer le fonctionnement et la viabilité de ces projets ? Et même si c'est le cas, les touristes seront-ils intéressés d'y séjourner ? Pour les responsables de l'ONMT, il n'y a pas lieu de se poser de questions. Puisque le potentiel touristique existe, ces stations sont largement en mesure d'être attractives. Il suffit de mobiliser les moyens de promotion nécessaires à leur lancement. Pour illustrer leur propos, ils donnent l'exemple de la zone de Marsa Alam en Egypte. Un grand projet balnéaire situé en plein milieu du désert. Pour y arriver, il faut au moins une heure de vol à partir du Caire, avec plusieurs escales en plus. Malgré cela, il arrive à attirer des touristes du monde entier. Encore faut-il préciser que les stations du sud ne peuvent être qu'un «complément» d'Agadir, le porte drapeau du tourisme balnéaire au Maroc.