Donnez-nous plus de lits d'hôtels pour que nous puissions mieux vendre la destination Agadir». C'est le message principal des dirigeants de l'Office national marocain de tourisme. Un message qu'ils veulent véhiculer auprès des médias dans le cadre d'une stratégie de lobbying dont l'objectif est de convaincre les investisseurs de construire plus d'hôtels dans une destination que l'on qualifie de porte-drapeau du tourisme balnéaire au Maroc. Cet emblème a perdu de son éclat tout au long des trois dernières années. Les chiffres des arrivées touristiques en témoignent amplement. Malgré cela, les responsables de l'ONMT tiennent à dire que la destination résiste à la crise. Preuve : ses taux de remplissage demeurent dans la fourchette de 60 à 70%. Mais comparé à ses concurrentes dans le pourtour méditerranéen, Agadir ne fait plus le poids. Ses 20.000 lits ne représentent même pas le tiers de la capacité d'hébergement à Hammamet, Charm El Cheikh ou Antalia trois des destinations les plus en vogue dans la région. Pour un tour opérateur, une offre si restreinte ne représente pas un grand intérêt, d'autant plus qu'il y a des alternatives plus alléchantes. De ce fait, la perle du Souss est renvoyée au second, voire au troisième rang dans le carnet de commandes des opérateurs touristiques mondiaux. Même avec cette configuration difficile, l'ONMT assure qu'il poursuit sa politique de promotion en misant, dans la communication de masse, sur le slogan du soleil qui brille toute l'année sur Agadir. Mais le Maroc n'est pas le seul à vendre cet atout. Pour mettre plus de chance de leur côté, les responsables de l'ONMT mettent en avant le potentiel touristique de l'arrière pays d'Agadir (Taroudant, Tafraout, la route de l'arganier…) dans des supports plus ciblés tels que la presse spécialisée. En plus, ils réalisent des packages conjoints avec les TO traditionnels qui se positionnent toujours sur Agadir. Bien qu'ils mettent en avant leurs actions, les hauts cadres de l'ONMT ne se voilent pas la face. Si la capacité litière d'Agadir ne se rapproche pas de celles de ses concurrentes, la destination continuera à s'essouffler, et à un rythme plus rapide. Pour éviter le pire, la seule solution est de construire plus d'hôtels. L'idéal pour les responsables de l'ONMT est d'atteindre un niveau de 60.000, voire même 70.000 lits. Une capacité qu'Agadir est largement en mesure de remplir, comme l'assurent les cadres de l'office. D'autant plus que la ville combine une belle offre balnéaire et un potentiel culturel riche, grâce à son arrière pays. Pour atteindre cet objectif de capacité litière, il ne faut pas avoir peur des frontières de la ville. Les dirigeants de l'ONMT n'excluent pas la configuration où des hôtels seraient installés sur un littoral de 100 km tout au long d'Agadir, dont 30 Km au nord et 40 au sud. Pour ceux qui douteraient de cette configuration, nos sources au sein de l'ONMT donnent l'exemple de Charm El Cheikh en Egypte ou une armada d'hôtels se construisent toujours en plein milieu du désert et arrivent à attirer chaque année des millions de touristes. Pourquoi pas Agadir, qui en plus, est riche d'un patrimoine historique ancestral ? Ceci dit, les cadres de l'ONMT reconnaissent que leur lobbying intervient dans un contexte difficile, où les investisseurs lèvent le pied à cause de la crise. D'ailleurs, même si investissement il y a au moment de la reprise, plusieurs années sont nécessaires pour dynamiser la destination. Pour ce faire, l'Etat serait appelé à fournir des efforts notamment au niveau de la mobilisation du foncier. «L'important c'est de démarrer», lance Abdelhamid Addou. Les cadres de l'ONMT disent qu'ils s'occuperont «du tapage médiatique pour maintenir Agadir sur l'échiquier balnéaire en attendant que les éventuels nouveaux hôtels voient le jour». Dans le contexte actuel, les 20.000 lits d'Agadir sont-ils menacés par les nouvelles stations balnéaires qui viennent de naître ou naîtront dans le cadre du plan Azur ? Les cadres de l'ONMT assurent que celles-ci ne peuvent être que des compléments à Agadir qui demeure la seule à détenir une offre balnéaire complète et qui plus est, ouverte les 365 jours de l'année. N'était-il pas plus judicieux, lors de la conception du plan Azur, de commencer par développer la capacité litière de la capitale du Souss avant de penser à installer de nouvelles capacités dans les zones éloignées ? Serait-ce une erreur stratégique des concepteurs du plan Azur ? Reste à savoir maintenant pourquoi les dirigeants de l'ONMT mènent leur lobbying en ce moment précis ? Une question dont eux seuls détiennent le secret.