On ne cessera jamais de déplorer cette perte de notoriété dont est victime, de jour en jour, l'une des plus belles baies du monde qu'est Agadir. Son statut de cité cosmopolite s'estompe, depuis qu'on s'attelle de l'urbaniser, à bâtons rompus, après son cataclysme de 1960, en dépit de quelques sursauts d'orgueil, affichés par moments. Un peu partout dans l'enceinte de cette ville, renée de ses cendres, on érigeait à des cadences effrénées, une kyrielle de lotissements hybrides, au grand bonheur de nombre de promoteurs immobiliers, aussi bien publics que privés et dont la voracité ne fut jamais rassasiée. C'est ainsi que de multitudes de bannières bétonnées sont éparpillées, à l'emporte-pièce, sans nulle convergence ni cohérence, sans aucun souci d'adéquation de cadre de vie des résidents. Pis encore, les constructions de séries d'unités de faible consistance, ne prévoient pas d'équipements sociaux, pouvant constituer de services vitaux et de lieux de repos et d'épanouissement. Certes, on ne saurait occulter l'effort déployé, lors du mandat communal sortant, en termes de confection d'une panoplie de jeux pour enfants, d'espaces verts de détente et de maisons de quartiers qui, faut-il le rappeler, étaient dans le collimateur des rapaces affamés de la spéculation foncière. Néanmoins, il est toujours regrettable de constater non sans consternation, que cette conduite citoyenne tende à s'effilocher, non pas seulement en direction des acquis dans ce sens, mais également et surtout au niveau de ces actes audacieux qui se livrent à des luttes sans merci, contre les barons de l'immobilier pour endiguer cette hémorragie ravageuse. Aujourd'hui, on ne peut que s'indigner devant l'incapacité de la ville de mettre en œuvre des entrées dignes d'une grande métropole, tant au sud que nord. De petites villes dont les revenus ne sont pas aussi importantes que ceux de la capitales du Souss, telles Berrechid ou encore Bouznika, accueille leurs visiteurs dans la majesté et la grâce. Sans être grincheux ni envieux, les gadiris et consorts seraient, en revanche, fort admiratifs devant le rayonnement éclatant dont font preuve certaines villes attrayantes, depuis la réception, comme Tanger et Marrakech. A Agadir, alors qu'on était bien au-devant de la scène, il y a quelques temps, par son tourisme florissant, son balnéaire captivant et son cachet avenant, on grignote, petit à petit, de cet éloquent capital, par une affreuse négligence et un laxisme déconcertant. Une ville sans vie ni âme, sans référence ni identité…La citadelle, aux glorieux remparts, dite Agadir Oufella, seul symbole patrimonial, avec des vestiges avoisinants, est sans cesse, renvoyés aux calendes grecques, malgré de timides tentatives de restauration. La fameuse place Al Amal, sise au cœur de la ville, toujours orpheline de ses fontaines onctueuses de naguère, accuse, sans scrupule, les agressions de toutes parts et s'en trouve avec des recoins défoncés et des bordures accidentées. Elle sert maintenant, à abriter des foires d'expos, des concerts de musique, tel que Timitar et…de parkings de stationnements (sic). La promenade de la corniche, refuge de préférence des estivants et des touristes, est quasi envahie par les marchands ambulants, les vélos, les trottinettes…, semant une vague de répugnance. Le boulevard Hassan II, véritable poumon de la cité, est constamment suffoqué par le flux, notamment en période d'été et de pointe, depuis qu'on n'avait pas anticipé d'en dédoubler la voie, au lendemain du séisme. La Marina et le port d'Agadir dont les eaux du bassin se trouvent dans un état piteux, restent respectivement une squatteuse assassine de la baie et un handicap écologique de l'économie halieutique… Durant tout ce réquisitoire intenté contre une ville «blafarde», on n'en a fait, en fin de compte, qu'effleurer certains de ses aspects déficients. On en citera bien d'autres, dans les prochaines livraisons. Après presque la moitié du présent mandat de la commune d'Agadir et en corrélation avec les mouvements de protestation contre l'inertie de la ville, on dira, sans risque de se faire contester qu'à Agadir n'a pas connu, jusqu'ici de sérieuses métamorphoses de fond. L'annonce répétée de la visite royale n'a fait que badigeonner les façades et planter les arbustes. En attendant, la ville broiera encore du pain noir…!