On ne cessera pas de le répéter, depuis que la ville d'Agadir se trouve entre les mains de celui ou ceux qui n'arrêtent jamais de lui en faire voir de toutes les couleurs. On atterrit sur la région Souss Massa Drâa, il y a quelques années, pour éponger les dettes de la faillite textile, libérer les chèques sans provisions et renflouer ses besaces à ne pas en finir. Le reste importe peu, ou nullement, durant un mandat aux souvenirs lugubres qui touche à sa fin. Jamais Agadir n'a été aussi orpheline et passible de manœuvres assassines, depuis qu'on vend son foncier aux prédateurs de l'immobilier pour attiser la voracité des spéculateurs, faire flamber les coûts et marhinaliser les franges les plus déshéritées de la population. Au moment où la voracité foudroie de toutes parts, on festoie dans les palaces de haut standing, alors que la cité suffocante broie du pain noir. Et pour induire dans l'erreur les citoyennes et citoyens, et éluder l'opinion publique, on mène une campagne farouche contre la probité en dressant tout l'entourage contre les efforts de réforme et les projets structurants partout en ville. Et comme si le terrain accaparé ne suffisait pas, on passe progressivement aux services publics afin d'en tirer profit au maximum. D'abord, on se lance dans la liquidation du transport urbain au lieu d'en assainir la gestion et le fonctionnement par le contrôle et le suivi du travail de la direction, la mise à niveau et la maintenance du parc automobile et la régulation de la tarification. Après la banqueroute de la RATAG, causée justement par la déchéance du conseil d'administration que préside la wilaya, l'impunité des administrations successives, le délabrement des véhicules et l'endettement alarmant qui dépasse les quinze milliards de centimes, on fait appel à la solution facile. Là aussi, on s'adonne, sans scrupule, aux manies louches pour céder l'opération de la gestion déléguée aux proches en faisant pression sur certains conseillers des communes concernées et faire passer un cahier de charges sans incidences favorables sur les usagers à petites bourses. Peu après, les tentacules de la cession des domaines publics s'étendent à des espaces de la ville qui ont toujours constitué son patrimoine depuis le début du siècle dernier. La place dite Bijaouane entonne encore les belles mélodies sportives des années 40, 50 et 60 et, par la suite, abrite les espaces d'animation estivale au front de mer. Le stade Al Inbiât a toujours vibré au son des festivités du sport et de la musique pendant presque trois décennies. Le camping international d'Agadir a, des années durant, accueilli les visiteurs à longueur de l'année, venus de tous les coins du globe. Tous ces espaces publics qui cristallisent maintenant la mémoire commune de la ville sont actuellement exposés à la cession après leur insertion par la wilaya dans l'ordre du jour de la session d'octobre de la commune urbaine d'Agadir dont l'ouverture est attendue, après-demain vendredi à l'Hôtel de ville. Sommes-nous encore devant une machination suspecte perpétrée de toutes pièces pour assurer des faveurs à des personnes régionales influentes, surtout que cette première séance se déroulera sans la présence du président en mission à l'étranger ? Aura-t-on le courage, au sein du conseil, de défendre les intérêts de la ville en barrant la route aux tentations et aux instructions provenant de l'extérieur ? A-t-on déclenché un débat large et responsable autour de ces espaces publics pour mettre l'intérêt général au dessus de toute considération sectaire et hégémoniste ? Ce sont là des préoccupations qui hantent les citoyens de la ville, à la veille de la tenue de session ordinaire du conseil communal, d'autant plus que les pourparlers vont bon train dans les lieux publics et avancent même des noms influents de la région, éventuels adjudicataires de cette juteuse cession. Il est à signaler, enfin, que l'instance locale des forces de la gauche d'Agadir s'active dans ce sens en faisant signer des pétitions et en appelant à un sit-in massif devant le siège de la commune, le 31 octobre 2008, date de la session du conseil municipal. D'autres mouvements similaires s'opposeront, sans doute, à cette nouvelle cession qui étouffe l'urbanisme sain et décent et asphyxie la cité à cause de ces supercheries continuelles menées, au grand jour, par les rapaces du bâtiment avec la complicité de leur protégé qui, en contrepartie, a retrouvé le sourire après les disettes textiles. Les citoyens d'Agadir ont horreur de voir s'élever des immeubles au lieu et place des patrimoines qui ont, de tout temps, accompagné leur conscience collective. Heureusement que nombreux soient des espaces de verdure et de loisirs qui émergent du lot, à leur grande satisfaction, notamment Ibn Zaidoun, Al Houda, Bourgane… malgré les bâtons dans les roues.