On ne cesserait jamais de maudire le sort d'Agadir et de la région Souss Massa Drâa, depuis déjà quelque temps. Un sort qui, d'année en année, ne fait que confirmer la malchance qui frappe cette zone, déjà en grosse difficulté, en termes de précarité et d'exclusion. D'aucuns diraient que lorsqu' on est nommé à Agadir rien que pour éponger les faillites de ses propres entreprises, on ne pourrait jamais injecter des dynamiques de développement dans le processus socioéconomique de la région Sous-Massa-Draa, à l'instar de ses collègues à Tanger, Fès, Marrakech... Poignée d'opportunistes altière et hautaine qu'on arbore en public, parfois même entachée d'arrogance et d'indifférence, est la ligne de conduite d'une gestion défaillante. C'est normal si l'on sait que vaquer à ses besognes personnelles est une chose et s'investir dans les affaires publiques en est une autre. Le comble c'est que les notabilités de la région, peu soucieuses du fiasco qui étouffe toute cette superficie couvrant plus de 10% du territoire national s'amusent à jouer le jeu en contribuant foncièrement à redresser les projets de leur protégé à coups de millions et à, dans le meilleur des cas, fermer les yeux devant les dérapages monstrueux qui s'opèrent autour d'elles, infligeant ainsi à leur région un grave dysfonctionnement. Cette poignée d'opportunistes poltrons s'est même payé le luxe d'offrir une bagnole dernier cri à son petit chouchou, histoire de «récompenser» une déchéance déconcertante. C'est à ce prix, alors, que la banqueroute s'installe dans la région en termes de management et de développement, alors que, il y a trois années, la faillite ne concernait que son auteur, bien loin de la zone dont il préside aux destinées. Aujourd'hui, les déficits ne sont plus un secret pour personne. Ils concernent plusieurs compartiments, notamment en matière d'urbanisme où le duel mystificateur levé contre le maire de la ville a fait couler beaucoup d'encre suite à la fameuse conférence de presse au cours de laquelle les manoeuvres des Autorités ont été mises à nu et acculées au pied du mur. Il y a de quoi, en effet, si l'on sait que nombre d'autorisations ont été délivrées à tort et à travers, sans même la consultation de l'hôtel de ville ni aucune préoccupation des répercussions de cette urbanisation effrénée. Effectivement, les retombées de ces basses supercheries ne se font pas attendre puisque le long des versants des monticules mitoyennes, sur le territoire du Hay Mohammadi, ont émergé des séries d'immeubles appartenant à des promoteurs immobiliers venus d'autres régions du pays (souvent par clientélisme béat), portant ainsi préjudice au système urbanistique et hypothéquant l'avenir d'une ville en pleine expansion économique. En effet, rien n'est prévu jusqu'à présent en termes d'équipement publics au sein de ces gigantesques unités immobilières pouvant contenir dans si peu de temps des milliers de familles (établissements scolaires, dispensaires et centres de santé, maisons des jeunes, complexes culturels, foyers de femmes, espaces verts, aires de sports...). «Après moi le déluge!». C'est ce que semble prôner l'heureux fortuné aux entreprises ressuscitées, avec la complicité vile des promoteurs privés et des institutions immobilières régionales, ainsi que les spéculateurs qui profitent de cette faramineuse aubaine. En fait, les prix de l'immobilier ne font que flamber aujourd'hui d'une manière extravagante, depuis que le tisserand a donné le feu vert de cette flambée vertigineuse en lançant sa fameuse devise sournoise : «il faudrait valoriser la ville». Une valorisation exagérée qui a fait augmenter les prix des logements et des terrains à trois fois plus en un laps de temps. C'est le cas du lotissement Haut Founty qui est passé d'environ 600.000 DH à plus de 1.800.000 DH. Pis encore, au moment où les autres métropoles du royaume, dans un esprit fédérateur et synergique, toutes composantes confondues, s'ingénient à monter des projets d'envergure convaincants dans le cadre du programme national de «mise à niveau des villes», attirant de ce fait des fonds colossaux, la Région Souss Massa Drâa ne parvient guère à se confectionner communément une image de marque pouvant persuader les décideurs centraux. Il n' y a pas lieu de chercher plus loin les raisons de cette déconfiture amère, car l'instigateur principal, la locomotive de cette opération censé rassembler toutes les énergies, est plutôt préoccupé par la mission pour laquelle on lui a balisé le chemin de la réhabilitation de ses propres entreprises. Evidemment, on ne peut guère concilier les deux tâches et il fallait bien trouver un prétexte, celui de brandir le bras de fer contre le maire de la ville et lui faire endosser tous les maux imaginables, tout en dressant contre lui les constituantes de la communauté locale, particulièrement ses propres élus de la majorité. Un vilain prétexte que tous les habitués de la magouille et de l'escroquerie se sont approprié, avec la bénédiction de leur protégé, afin d'enfoncer le clou encore plus et avorter une nouvelle expérience communale centrée sur l'intégrité, la préservation des deniers publics et l'édification de la démocratie locale par le biais des valeurs du modernisme et du progrès. Un phénomène oligarchique C'est ainsi qu'on fait circuler dans le tissu socio-économique le fait que le maire «bloque» et «s'enferme», même au sein des siens, aussi bien au niveau local que central. Une propagande abjecte que les autorités, toujours dans une tentative de dissimuler les vraies causes de cette déconvenue, ont pu propager dans les divers et multiples milieux, en particulier des entreprises dont nombre d'entre elles ont, malheureusement, l'habitude d'évoluer sans les normes requises et jouissent de la mansuétude complice des anciens occupants de l'hôtel de ville. Il faut bien dire que le comportement des autorités est «compréhensible» si l'on sait que, des décennies durant, elles s'étaient toujours octroyé les largesses des élus précédents. C'est ce qu'on appelle le phénomène de «l'oligarchie» qui s'enrichit aux dépens du système corruptif de l'administration, installé dans le corps communal. C'est tout à fait «normal» que toute cette tempête s'élève aujourd'hui contre l'actuel maire car son «tort» n'est autre que de décider, contre vents et marées, mettre un terme, enfin, à cette complicité abominable. Mais, au fil du temps, les machinations de tous ces parasites s'effriteront, sans doute, comme des fétus de paille, car les consciences propres de la ville ne sauraient cautionner ces infamies et finiront par réagir résolument contre les mains sales, celles, entre autres, qui rallieraient son textile réanimé, une fois remercié de son poste, mais gardera à jamais la mauvaise conscience d'avoir énormément nui à la région durant son lugubre passage.