La situation générale du pays est on ne peut plus préoccupante. L'opération de boycott de trois produits se poursuit, même si des signes d'apaisement sont perceptibles. Cependant, la vie chère n'épargne plus les couches moyennes et aucune mesure n'est prise, sérieusement, pour atténuer son feu brûlant le panier de la ménagère, sachant que la période estivale est là et que les vacances administratives et «politiques» ont bel et bien débuté… Ainsi, la politique des prix se poursuit et les contrôles et contrôleurs sont aux abonnés absents, laissant une plus grande place (il y en avait aussi hors vacances...) aux spéculateurs de tous bords, y compris ceux qui détiennent, ici ou là, des postes de responsabilité autoritaire… Aussi, malgré les critiques et les accusations, aussi bien médiatiques qu'en provenance des associations de protection des consommateurs, les pouvoirs publics font la sourde oreille. Beau signal donné aux spéculateurs de poursuivre leurs œuvres qui restent impunies. Et pourtant, ces mêmes pouvoirs publics savent pertinemment l'état et le fonctionnement du circuit de vente des produits alimentaires, notamment les fruits et légumes pour ne parler que de ceux-là. Pire, ils ne font aucun effort pour normaliser les circuits et les assainir des spéculateurs connus de tous, y compris des autorités locales, quand elles n'y sont pas étrangères. Il est vrai qu'un système de rente et de corruption s'est solidement instauré, à force d'accumulations négatives et face au laxisme (complice ?) qui fait qu'aujourd'hui que la main est mise sur tout le circuit. L'on sait aussi que le Ministère de l'Intérieur s'était opposé, par un passé récent, à un projet de loi destiné à la réforme des marchés de gros... Mais quid aujourd'hui de ce boulet que le Maroc et ses forces vives portent douloureusement ? L'Etat doit réagir. Car l'on ne peut sacrifier la vie de modestes gens et de citoyens au profit d'une poignée de mains de spéculateurs qui forment une véritable mafia et qui font le bon et surtout le mauvais temps, dans l'impunité totale. Aujourd'hui, il faudra revenir à la mission initiale des marchés de gros et des circuits de vente afin d'assurer la réalité et la qualité des prix, qui ne doivent plus faire supporter au consommateur «l'enveloppe corruptible»… Car il est inconcevable qu'un producteur vende son produit à moins d'un dirham le kilogramme pour que le même produit arrive à la vente au détail à 5 ou 6 dirhams, voire plus. Idem pour les produits fruitiers achetés à 5 ou 7 DH le kilogramme chez l'agriculteur et qui sont écoulés entre 12 et 20 dirhams, voire plus! Cela fait deux victimes à la fois, l'agriculteur et le consommateur, au grand bonheur des intermédiaires spéculateurs. Cela va, en passant par les fausses ventes à la criée (quand elle se tient) qui ne trompent plus personne, des mandataires véreux, aux préposés intermédiaires qui ne sont que des «prêtes noms» ou des «représentants» de prétendus représentants de la loi.