140 millions de dirhams investis par la Cosumar dans son unité de production à Sidi Bennour. Ce site produira désormais du sucre raffiné. Un silo vertical de 45.000 tonnes existe désormais sur le site de Sidi Bennour, une première au Maroc et en Afrique. La spéculation sur les pains de sucre altèrent les marges de la Cosumar mais aussi des agriculteurs. Première denrée alimentaire de grande consommation après la farine, le sucre constitue réellement un enjeu stratégique dans l'économie nationale. Pour s'en convaincre, il suffit tout simplement de constater la quantité et la qualité des intervenants qui gravitent autour de sa filière. D'amont en aval, on retrouve agriculteurs, industriels, distributeurs et jusqu'aux spéculateurs qui ne cessent de jouer sur l'effet prix… C'est dans ce contexte que la Cosumar, filiale du premier groupe marocain l'ONA, a procédé à de nouveaux investissements pour des nouvelles installations. Les investissements qui ont été consentis pour réaliser ce projet à Sidi Bennour à une heure de route d'El Jadida sont de 140 millions de dirhams. Le but recherché est d'améliorer de manière constante les produits finis ainsi que l'optimisation de leur rentabilité. En fait, ces nouvelles installations qui viennent de démarrer produiront désormais du sucre blanc, autrement appelé sucre raffiné. Ce qui résout le problème du transport et du traitement du sucre brut de ce site naguère réalisé dans l'usine de la Cosumar de Casablanca. Un outil industriel moderne “Ce projet de Sidi Bennour a concerné à la fois l'atelier d'évaporation, l'augmentation de la surface opératoire, la ligne de cristallisation appelée premier jet, la centrifugation, le séchage et le stockage d'un silo de 45.000 tonnes de sucre blanc ”, a indiqué Marouane Sentissi, chef de division études et ingénierie à la Cosumar. Selon ce même responsable, ce silo de position verticale, premier en Afrique, a ceci d'avantageux par rapport à la forme traditionnelle dite horizontale jusque là. Son intérêt est de se concentrer sur une surface relativement limitée tout en récupérant du volume dans l'air. Par ailleurs, il a l'avantage de pouvoir conserver le sucre contre les possibles agents qui pourraient l'altérer. Quant aux retombées immédiates de ces investissements, elles se situent au niveau de la production d'abord. A cet égard, l'usine pourra désormais fonctionner toute l'année avec le système du conditionnement introduit. Cela donne la possibilité d'usiner d'autres produits finis au lieu des sachets de 50 kilogrammes qui étaient jusque-là la norme. Sur le plan régional et national, on assiste à la création des micro entreprises pour la maintenance et le transport dans la région des Doukkala. Alors qu'au niveau national, sur les 140 millions d'investissement, plus de 60 % ont été réinvestis dans le pays. “Nous avons exigé des fournisseurs étrangers en équipements de sous-traiter localement. C'est un transfert de technologie et une augmentation du savoir-faire local ”, renchérit Marouane sentissi. La réussite dudit projet a poussé les dirigeants de la Cosumar à faire de leur unité de production de Casablanca leur prochaine priorité. Ceci est dû au fait que les sous-traitants étrangers qui rechignaient jusqu'à présent à donner la partie noble de leur technologie ont maintenant confiance en la capacité de la Cosumar de pouvoir s'en servir eu égard au travail déjà accompli dans ce domaine. Ceci dit, concernant le partenariat avec l'amont agricole Abdelaziz Abaro, directeur général de la Cosumar avance : “ afin de garantir un approvisionnement de qualité en matière première et de sécuriser l'ensemble de la filière, Cosumar s'implique, dans une logique de partenariat, aux côtés de son amont agricole ”. En effet, elle consacre, tous les ans, 100 millions de dirhams au financement de la campagne betteravière, notamment pour approvisionner les betteraviers en intrants agricoles. Ce partenariat s'exprime sous différentes formes d'incitations. C'est principalement le cas de la mise en place en faveur des agriculteurs de primes pour l'arrachage anticipé et des prêts pour leur équipement en matériel agricole et matériel d'irrigation. “A titre d'exemple, Cosumar a financé l'installation des compteurs d'eau d'irrigation, le test de différentes améliorations sur la conduite de l'irrigation, l'achat de 1000 pulvérisateurs destinés à la lutte anti-parasitaires ”, précise un responsable de la structure. Distribution, parent pauvre de la filière “ Notre stratégie commerciale se veut pragmatique pour répondre aux besoins de nos clients dans les meilleures conditions, assurer la couverture géographique du pays et prendre en compte tout aussi bien les exigences de la distribution moderne que les contraintes du réseau traditionnel ou encore les attentes propres aux industriels ” a, pour sa part , souligné Tarafa Marouane, directeur commercial de la Cosumar. Ceci a amené la Cosumar à développer un partenariat avec plus de 800 grossistes, un réseau dense pour couvrir toute l'étendue du territoire national. Mais là où le bât blesse c'est que la distribution reste encore le parent pauvre de la filière sucrière. La raison est qu'elle reste très traditionnelle à telle enseigne que la spéculation s'y est beaucoup développée. Circuit d'intermédiaires très fermé A cet égard, le cas des pains de sucre qui constituent 64 % de la production du site de Casablanca et plus de la moitié de la production conditionnée globale est un cas édifiant. Ce produit subit toutes les spéculations les plus dangereuses pour l'intérêt du consommateur. Commercialisé par un circuit très fermé d'intermédiaires qui s'octroient des privilèges inconsidérés, le pain de sucre est vendu à un prix parfois exorbitant pouvant atteindre 16 dirhams alors que son prix de vente normal ne dépasse pas 10 dirhams. Néanmoins, cette activité se révèle peu rentable pour la Cosumar qui cherche à moderniser l'outil industriel et technique nécessaire à sa production. Pour un responsable de la Cosumar, la lutte contre ce phénomène est du ressort des pouvoirs publics, notamment du ministère de l'intérieur.