La décision prise par Donald Trump de transférer, ce lundi, l'ambassade américaine de Tel Aviv vers Jérusalem et qui a été à l'origine de la mort d'une soixantaine de palestiniens et fait plus d'un millier de blessés a soulevé un tollé dans les chancelleries du monde entier et pas seulement chez les «alliés» traditionnels du peuple palestinien. Ainsi, Féderica Mogherini, la cheffe de la diplomatie européenne a exhorté toutes les parties à «la plus grande retenue» pour éviter une «nouvelle escalade» qui éloignerait toutes les perspectives de paix. Elle a, également, invité Israël à «respecter le droit à manifester pacifiquement et le principe de la proportionnalité dans l'usage de la force». De son côté, la Ligue Arabe a demandé au procureur de la Cour Pénale Internationale (CPI) de diligenter une enquête «sur les crimes de l'occupation israélienne». Evoquant des «crimes de guerre», le Conseil des droits de l'Homme de l'O.N.U. a décidé de tenir une réunion extraordinaire ce vendredi; une décision qui a été chaleureusement accueillie par Amnesty International et salué par plusieurs organisations de défense des droits humains. A Londres, la porte-parole de la Première Ministre Theresa May a immédiatement déclaré désapprouver «la décision des Etats-Unis de déplacer leur ambassade à Jérusalem et de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël avant un accord final sur le statut» de la ville et signalé que le Royaume-Uni n'a, pour l'heure, aucune intention de déplacer son ambassade à Jérusalem. Craignant un embrasement, Paris a, par la voix de son ministre des Affaires Jean-Yves Le Drian, appelé «l'ensemble des acteurs» à faire preuve de responsabilité pour «prévenir un nouvel embrasement». A Moscou, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a dénoncé avec force la décision américaine car ce transfert ne peut qu'aggraver une situation particulièrement explosive. A Ankara, le Président Recep Tayyib Erdogan qui a accusé Israël de « terrorisme d'Etat» et de «génocide» a rejeté la décision américaine car en allant à l'encontre du droit international et des «résolutions des Nations-Unies» elle annihile toutes «les chances d'un règlement pacifique» du conflit et fait perdre aux Etats-Unis «leur rôle de médiateur dans le processus de paix» au Proche-Orient. Après avoir décrété trois jours de deuil, le Président turc a appelé à un grand rassemblement de protestation vendredi. Et si, par ailleurs, le porte-parole du gouvernement d'Ankara a dénoncé, sur Twitter, le «massacre» perpétré à la frontière avec la bande de Gaza et imputé la responsabilité aussi bien aux Israéliens qu'aux américains, le président Erdogan a demandé, par ailleurs, une réunion d'urgence de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI) à l'effet de dénoncer la décision unilatérale américaine de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël. Ainsi, selon la Turquie qui a rappelé «pour consultation» ses ambassadeurs en Israël et aux Etats-Unis, «en transférant son ambassade à Jérusalem, l'administration américaine a sapé les chances d'un règlement pacifique et provoqué un incendie qui causera davantage de pertes humaines, des destructions et des catastrophes dans la région». Au Caire, le grand Mufti Shawqi Allam a condamné «un affront direct et clair aux sentiments d'un milliard et demi de musulmans sur terre (qui) ouvre la porte à davantage de conflits et de guerres dans la région». Et si, à l'instar de la Turquie, l'Afrique du Sud a décidé de rappelé «pour consultation» son ambassadeur en Israël, l'Irlande et la Belgique ont, pour leur part, convoqué les ambassadeurs accrédités par Israël auprès de Dublin et de Bruxelles. Enfin, de Rabat où il suit la situation «avec préoccupation», Sa Majesté le Roi Mohammed VI a dénoncé, dans une lettre adressée au président palestinien Mahmoud Abbas, «une décision unilatérale (qui) s'oppose au droit international et aux décisions du Conseil de Sécurité». Ainsi, en faisant fi des appels de la communauté internationale et de toutes les résolutions onusiennes, le président de la plus grande puissance mondiale n'est-il pas, encore une fois, en train d'attiser un brasier fumant prompt à ravager un monde en ébullition ? Espérons, tout de même, que, par leur union, les forces de la paix parviendront à circonscrire l'incendie qui menace la planète et attendons pour voir...