La classe ouvrière s'apprête à célébrer la fête des travailleurs qui intervient chaque année le 1er mai. Le PPS est entré, à son tour, dans la ligne droite vers l'organisation de ses dixièmes assises nationales du 11 au 13 mai. Cette coïncidence heureuse des deux calendriers nous incite à (re)poser la problématique récurrente de la relation entre parti et syndicat. Problématique qui a fait couler beaucoup d'encre et suscité des polémiques au fil des années eu égard à ses enjeux politiques et stratégiques. Dès le départ, le PPS a eu une position claire et sage qui tranche avec certaines pratiques en vigueur tant au niveau national qu'international. Il a toujours milité en faveur de l'unité de l'action syndicale dans la perspective de l'unité organisationnelle. Car tout parti qui prône le changement ne peut aujourd'hui ignorer la classe ouvrière – entendue au sens large- et faire abstraction de ses conditions d'existence et de son rôle dans la reproduction sociale. Les transformations subies par la formation économique et sociale marocaine, suite à l'extension des rapports de production capitalistes, se sont traduites, entre autres, par l'élargissement des effectifs de la classe ouvrière. C'est ainsi que le secteur «moderne capitaliste» compte aujourd'hui plus de 4 millions de travailleurs auxquels viendraient s'ajouter quelques 600000 fonctionnaires (travailleurs à col blanc) et presque autant de «salariés» dans le secteur dit informel. Globalement, on peut affirmer que la salarisation de la population concerne près de la moitié de la population active. L'autre moitié est constituée de professions libérales et de travailleurs indépendants. Force est de constater, cependant, que cette classe ouvrière est en majorité une «classe sociale en soi» dans la mesure où elle est peu organisée sur les plans syndical et politique. Une situation qui est pour le moins préoccupante et mérite un débat en profondeur pour en déceler les raisons. Contentons-nous pour l'heure d'avancer quelques pistes de réflexion ; il y a tout d'abord des facteurs objectifs résidant dans la structure du tissu productif marocain largement dominé par la PME et la TPE (toute petite entreprise) ; il y a ensuite des facteurs subjectifs qu'on pourrait résumer dans l'attitude de certains employeurs qui sont allergiques à toute organisation syndicale, la multiplication des «syndicats maison» et de «pseudo-coordinations» nuisibles au mouvement syndical authentique, la mainmise de certains partis politiques sur des organisations syndicales qui leur sont inféodées et qu'ils utilisent à des fins politiques et électoralistes. Ces syndicats «croupion» et «satellites» ont dans l'ensemble joué un rôle néfaste pour le mouvement syndical ;la crise économique a joué également dans le sens de l'affaiblissement du mouvement syndical. Le PPS s'est toujours opposé à l'instrumentalisation des revendications des travailleurs en se contentant d'apporter son soutien à leur combat pour l'amélioration de leurs conditions de vie tout en écartant l'idée de créer son «propre syndicat» et en bannissant toute forme de tutelle ou de paternalisme comme le font hélas certaines organisations politiques. Cette ligne de conduite suivie par le PPS restera la sienne et il est bon de le rappeler à la veille du Xème congrès national. L'objectif final serait d'aboutir à une ou deux grande(s) organisation(s) syndicale(s) auxquelles s'identifierait l'ensemble des travailleurs et au sein desquelles tous les courants et sensibilités politiques pourraient s'exprimer. Cela est possible. Il faut dépasser les égos et les intérêts étroits pour ne tenir compte que des intérêts de la classe ouvrière et du pays. L'occasion ici de saluer, comme il se doit, l'initiative prise récemment par un groupe de syndicalistes relevant des finances en prenant la décision de rejoindre la première centrale syndicale, à savoir l'UMT. Ce choix nous parait fondamental et stratégique. Il trace bien la voie à suivre. C'est un choix qui ne découle pas d'un simple concours de circonstance, ni d'une affinité quelconque. A l'heure actuelle, l'Union Marocaine du Travail est la seule organisation qui peut, à mes yeux, remplir les conditions d'une organisation de masse, indépendante et progressiste. Le pays a grandement besoin d'organisations syndicales fortes, démocratiques et représentatives pour contribuer à l'édification d'un Maroc moderne et d'une économie prospère.