La jeunesse marocaine a une épée de Damoclès au-dessus sa tête, notamment l'exclusion sociale. A en croire les chiffres du HCP, 1 million 700 mille jeunes sur les 6 millions que compte le Royaume serait exclu à différents niveaux : socio-économique, éducatif, santé... Une exclusion qui n'est pas sans séquelles puisqu'elle donne lieu à plusieurs déviances chez cette frange de la société, entre autres l'enrôlement dans des groupes extrémistes religieux, la violence, l'oisiveté... Jeudi dernier, le comité parité et diversité de 2M a organisé une conférence débat sous le thème: «jeunesse en difficulté: quelle stratégie d'inclusion?». L'occasion pour les intervenants, essentiellement de la société civile, de se pencher sur les solutions préventives et curatives pour résorber les défis auxquels est confrontée la jeunesse marocaine. S'il est vrai que les jeunes des milieux défavorisés sont les principales victimes de l'exclusion sociale, il n'en demeure pas moins que ceux-ci ont les mêmes ambitions que le reste des jeunes Marocains, ont avancé de manière unanime les intervenants lors de la conférence tenue au siège de la chaine d'Ain Sebaa. Jamal Belahrach, président de la fondation Zakoura, a fait le constat d'emblée que le Maroc possède un dividende démographique que l'Europe convoite et qu'il ne sait pas exploiter. Et d'expliquer que les jeunes Marocains victimes d'exclusion n'ont pas besoin d'aumône. «Tous les jeunes ont la même ambition. Ils recherchent la dignité, l'éducation, la connaissance, une vie meilleure», a affirmé Belahrach. Selon le responsable associatif, la jeunesse marocaine n'ayant plus de repères, il est nécessaire de la faire rêver. La solution résiderait dans une vraie volonté politique de l'Etat conjuguée par la création des conditions de connaissance, de culture, sans oublier le renforcement de l'action de la société civile. «Le secteur associatif est un secteur qu'il faut valoriser. C'est elle qui va changer les choses», a-t-il déclaré. Et pourtant, actuellement, elle n'est pas considérée à sa juste valeur et souffre d'un manque de moyens. «L'Etat ne considère pas la société civile. Il ne lui donne pas les moyens et en même temps, on lui demande d'assumer les carences de l'Etat. C'est un paradoxe», a-t-il expliqué en substance. Pour Majda Khoubbach, secrétaire générale de l'association Tizi, s'il est nécessaire de travailler sur des actions curatives sur le terrain en faveur des jeunes en situation d'exclusion sociale, il est plus avantageux de faire un travail préventif pour mettre fin à l'exclusion sociale et ériger l'éducation, notamment l'école publique comme le principal ascenseur social dans la société marocaine. Mohamed Simoni, acteur associatif, a partagé quant à lui l'expérience des jeunes Marocains recrutés par les mouvements d'extrémisme religieux et bénéficiant de programmes de réinsertion dans la société. «Ces jeunes se sentent utiles quand ils ont un poste de travail», a-t-il souligné, appelant le secteur public et privé à déployer davantage d'efforts pour la création d'emplois et la réinsertion socio-économique des anciens détenus, comme solution à l'exclusion sociale. En outre, pour le militant associatif, prévenir l'exclusion sociale nécessiterait de travailler sur le volet éducatif, notamment en favorisant l'enseignement des matières permettant de développer l'esprit critique des jeunes.